Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Glanage de vieux films (Mars/1)


La chanson des ténèbres (Night Song, John Cromwell, 1947)
Un musicien aveugle renaît à la vie, puis à la vue, au contact d'une jeune femme qui se fait passer elle-même pour non-voyante. Scénario chargé qu'un Sirk aurait transformé en or et tout autre cinéaste en plomb. Surprise, Cromwell s'en sort très bien, désamorçant toutes les situations mélodramatiques par un humour bienvenu. Cela reste romantique, tendance ténébreux, avec de jolies envolées émouvantes qui font oublier un grand nombre d'invraisemblances. Grâce soient rendue aux interprètes : Dana Andrews (parfait), Merle Oberon (sublime) et Ethel Barrymore (désopilante). La musique classique est le thème central du film, à l'instar de quelques films hollywoodiens de cette époque, et le vrai Rubinstein est sur scène pendant une vingtaine de minutes à la fin du film.

 


Les conquérants (The Conquerors, William Wellman, 1932)
50 ans d'histoire américaine, jusqu'au krach de 29, à travers la saga d'une famille de banquiers. Un bon Wellman, pas exceptionnel, qui démontre la maîtrise de l'ellipse du réalisateur et un talent sûr pour mélanger les genres : western, aventure, drame, comédie. A noter une scène de pendaisons parmi les plus marquantes de l'histoire du cinéma américain. Et une mention particulière à Ann Harding, comédienne subtile.

 


Paradis perdu (Abel Gance, 1940)
Un peintre sans le sou, devenu dessinateur célèbre chez un couturier, perd sa femme à la naissance de sa fille, alors qu'il est sur le front, en 1914. Vingt ans plus tard, c'est lui qui devra se sacrifier. Gance n'a pas la main aussi lourde que l'on aurait pu craindre dans ce mélodrame pudique excellemment mis en images. Popesco, Gravey, Le Vigan : du beau monde entoure une Micheline Presle adorable dans la fraicheur de ses 18 ans.

 


Tendresse (I remember Mama, George Stevens, 1948)
Prévoir une pile de mouchoirs. On est dans un film impossible à tourner aujourd'hui aujourd'hui, basé sur les bons sentiments et qui se ferait attaquer au coin du bois pour délit de sentimentalisme exacerbé. Laissons les loups hurler et reprenons un kleenex, c'est vachement bon de pleurer comme un veau privé de sa mère. Déguisée en nouvelle, l'autobiographie de Kathryn Forbes triompha à Broadway avant d'être adaptée au cinéma. George Stevens était le cinéaste idoine pour réussir la transposition : de la pudeur, de la délicatesse et une pointe de pittoresque. Cette chronique familiale d'émigrants norvégiens dans le San Francisco des années 1910 est un hommage à une mère courage, quoiqu'il est douteux que le terme eût convenue à l'intéressée. La banalité quotidienne d'une existence précaire, où le moindre cent doit être économisé pour vivre avec une certaine dignité. Une accumulation de petits riens qui forment un tout chaleureux et touchant. Redonnez-moi la boîte de mouchoirs. Merci.

 


Marie-Octobre (Julien Duvivier, 1959)
Quinze ans après la fin de la guerre, les membres d'un groupe de résistants se retrouvent. Le traître, qui a dénoncé le réseau et provoqué la mort de leur chef est parmi eux. Un huis-clos prenant, statique forcément, qui multiplie les fausses pistes et les plaidoyers de chacun, tour à tour soupçonné. Aux côtés d'une impériale Danielle Darrieux, un aréopage brillant d'interprètes aux taquets : Blier, Dalban, Frankeur, Ventura, Roquevert, Reggiani, Meurisse ... Dernier grand film de Duvivier. Et le coupable est ... ?

 



04/03/2012
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