Glanage de vieux films (Mai/2)
Morning Glory (Lowell Sherman, 1933)
Une naïve provinciale pense qu'elle va conquérir Broadway en deux coups de cuillers à pot. La galère avant la gloire. Un film médiocre tiré d'une pièce qui ne devait pas l'être moins. Statique, empesé et emphatique. Troisième rôle de Katharine Hepburn, qui déçoit, pour une fois. Coup de chapeau au très smart Adolphe Menjou, éternel second rôle, crédible en toutes circonstances.
Une aussi longue absence (Henri Colpi, 1960)
Quelle année 1961 pour Colpi, jusqu'alors monteur renommé (de Hiroshima, mon amour, entre autres). Son premier film en tant que réalisateur obtient la Palme d'Or à Cannes (partagée avec Viridiana de Bunuel) et il décroche le prix Louis Delluc. Co-scénarisé par Duras, Une aussi longue absence raconte, 15 ans après la fin de la guerre, l'histoire d'une femme qui croit reconnaître dans la rue son mari déporté, sous les traits d'un vagabond amnésique. Le film est d'une pudeur et d'une délicatesse totales. On y attend davantage d'airs d'opéra que de dialogues et les silences sont longs comme une la nostalgie des moments que l'on n'a pas pu vivre. Alida Valli, bouleversante, et Georges Wilson, admirable, livrent une partition singulière, sans fausse note. Un peu désuet, peut-être, mais diablement touchant et poétiquement correct.
The Nickel Ride (Robert Mulligan, 1974)
Du point de vue commercial, un échec retentissant. Mulligan s'égare dans un film typé années 40 auquel il instille une paranoïa très seventies. Le mélange ne fonctionne pas. Avec un cinéaste aussi sensible que Mulligan, le film noir devient gris et, tout en respectant les codes, souffre d'une mise en scène laxiste, lesté d'un scénario opaque dont la violence fragmentaire ne pallie pas l'absence de rythme et les redondances narratives. Mauvaise pioche pour un cinéaste qui prouvera plus tard qu'il était loin d'être fini avec l'excellent Les chaînes du sang.
De minuit à l'aube (Between Midnight and Dawn, Gordon Douglas, 1950)
Un bon polar à la gloire des flics en patrouilles de nuit. Plus un série B qu'un véritable film noir, quoique. Une intrigue sentimentale pas trop mièvre pour encaisser les coups et un petite dose d'humour pour alléger les tensions dramatiques. Le professionnalisme de Gordon Douglas fait le reste.
Faux mouvement (Falsche Bewegung, Wim Wenders, 1974)
Faux mouvement où comment Handke, inspiré par Goethe, + Wenders = un no man's land allemand, un film coincé dans les grises années 70. Une génération attirée par le vide et l'apathie (Rüdiger Vogler, Hanna Schygulla), qui succède à celle des années svastika (Hans Christian Blech) et précède une nouvelle, encore muette (Nastassja Kinski, 13 ans, premier rôle au cinéma). Faux mouvement, c'est l'errance si chère à Wenders, dans un film littéraire, philosophique, plus inerte que vivant. Un trou noir qui a quelques moments d'énergie et de longs tunnels narratifs, à faire passer Antonioni pour un joyeux luron.
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