Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Glanage de vieux films (Mai/1)


L'homme qui vendit son âme (Jean-Paul Paulin, 1943)
Cinéaste méconnu, Paulin vit sa carrière relancée quand le maréchal Pétain déclara que La nuit merveilleuse était son film préféré. Galvanisé, il signa alors sa meilleure oeuvre, teintée de fantastique, comme c'était relativement fréquent dans le cinéma de l'Occupation. Pas de Faust de goût dans cette déclinaison très propre du pacte diabolique, passé par un banquier aux abois. Peu de surprises à l'horizon, une satire acerbe du capitalisme et le triomphe absolu de la foi et de l'ordre moral, conformément aux canons de la culture vichyste. Un trio d'acteurs exceptionnel donne au film un certain relief : Larquey, Luquet et, surtout, l'immense Le Vigan. Satanique !

 


Mademoiselle Hicks (Spitfire, John Cromwell, 1934)
Une jeune sauvageonne des montagnes s'attire les foudres de sa communauté qui la soupçonne d'être sorcière sur les bords. Cette adaptation d'une pièce de théâtre, très bavarde, est de piètre qualité avec un côté mystique, moral et mélodramatique. Cinquième film de Katharine Hepburn, seul intérêt du film, qui malgré des dialogues ineptes révèle un tempérament unique et indomptable, proche de sa véritable nature. Elle dont on a dit qu'elle était "aussi impolie que la vie et la mort."

 


La phalène d'argent (Christopher Strong, Dorothy Arzner, 1933)
Dorothy Arzner fut la seule femme réalisateur, dans les grandes studios hollywoodiens, de 1920 au début des années 40. Une filmographie modeste et peu d'oeuvres marquantes, en vérité. La phalène d'argent (le titre français fait référence à une courte scène où Katharine Hepburn porte une robe invraisemblable) est un mélo chaussé de gros sabots, avec double adultère et suicide, dans le contexte libéré du cinéma pre-code Hays de l'époque. C'est malgré tout assez vieillot, en particulier dans les dialogues. Ce n'était que le deuxième film de K. Hepburn et elle a déjà l'autorité des plus grandes.

 


Tu seras un homme, mon fils (The Eddy Duchin Story, George Sidney, 1956)
An enjoyable tearjerker, comme ils disent là-bas. La vie d'Eddy Duchin, populaire pianiste et chef d'orchestre américain des années 30 et 40, mort d'une leucémie à 40 ans. Revue et visitée par Hollywood, mise en scène avec goût par George Sidney, filmée dans un scope somptueux. Une première heure très gaie, endiablée, où Tyrone Power conquiert le coeur de la meeeerveilleuse Kim Novak. Waouh, fait le loup. Et puis c'est le drame. La première la(r)me du mélo. Exit Kim. Tyrone, enfin Eddie, ne s'en remet pas. Nous, non plus. Mais bon, le temps passe et la musique est bonne. Des raisons de croire à un nouveau départ. Alors, arrive la deuxième la(r)me du mélo. Bien sûr que c'est trop, mais c'est tellement bon de pleurer comme un veau.

 


La ville de la vengeance (The Restless Breed, Allan Dwan, 1957)
L'antépénultième film de Dwan, lequel, au cours de sa longue et prolifique carrière déçut rarement. La ville de la vengeance est un western binaire, au budget serré, dont le climat crépusculaire n'est pas désagréable, nonobstant un scénario fluet. L'interprétation est molle du colt : Scott Brady, transparent et Anne Bancroft, nunuche. Un passage en Dwan qui n'est pas obligatoire.



15/05/2012
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