Glanage de vieux films (Juillet/2)
Le toit (Il tetto, Vittorio de Sica, 1956)
Dans l'Italie du boom immobilier, les places sont chères pour se trouver un toit. Surtout pour un jeune couple pauvre. Seule solution : construire avec des amis une maison de fortune, l'espace d'une nuit, avant l'arrivée des policiers. Dans une veine réaliste, bien moins mélodramatique que ses "grands" films des années 40 (Le voleur de bicyclette, Sciuscia), de Sica touche directement, sans trémolos dans la mise en scène. Un film méconnu, d'une grande justesse sociale et psychologique.
Feu de paille (Strohfeuer, Volker Schlöndorff, 1972)
Co-écrit avec Margarethe von Trotta, qui joue le rôle principal, le scénario décrit la place de la femme dans la société allemande des années 70, à travers le portrait d'une divorcée dont l'émancipation est impossible, et pas que pour des raisons financières. Schlöndorff n'est pas très inspiré par son sujet féministe et filme avec une nonchalance désabusée les aventures plus tragiques que comiques de son héroïne.
Phèdre (Phaedra, Jules Dassin, 1962)
Une lecture moderne et infidèle de la pièce d'Euripide. Phèdre, épouse d'un richissime armateur grec, tombe follement amoureuse du fils de ce dernier. Coup de Phèdre, euh de foudre et conséquences. Quand la cougar sort ses griffes, la tragédie est au coin du quai. Le classicisme de la mise en scène, sa discrète élégance, la musique de Theodorakis, l'interprétation de Mercouri, Perkins, Vallone, tout est en place pour la descente vers l'abîme. La tension sexuelle, palpable, avait choqué à l'époque, ainsi que les références à peine voilées à Onassis et la Callas. Aujourd'hui, on peut apprécier la puissance intrinsèque de cette oeuvre négligée de Dassin. Un Phèdre à repasser.
Les quatre filles du docteur March (Little Women, Mervyn LeRoy, 1949)
L'un des films favoris de la télé américaine, aux alentours de Noël, quand il s'agit de présenter un spectacle susceptible de plaire à tout la famille. Au même titre que La vie est belle de Capra. Le film de LeRoy a pris un peu de poussière avec les années et cette version du roman de Louisa May Alcott est devenue à peine regardable avec les minauderies de June Allyson et le peu d'expérience de Liz Taylor. Etonnamment, l'adaptation de George Cukor, tournée 16 ans plus tôt, avec Katharine Hepburn, fait beaucoup moins son âge et est beaucoup plus émouvante.
L'espoir (Umut, Yilmaz Güney, 1970)
Pour certains, le meilleur film turc de tous les temps. Un pauvre hère, criblé de dettes, qui n'a que sa carriole et son cheval pour nourrir sa famille, en servant de taxi d'appoint. Le cheval meurt, que lui reste t-il ? Joué par le réalisateur lui-même, , pas encore persécuté par le gouvernement, douze ans avant sa Palme d'or à Cannes pour Yol, le film a plus qu'un point commun avec les oeuvres naturalistes de Satyajit Ray. Intéressant, malgré des ruptures narratives surprenantes et une interprétation approximative.
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