Glanage de vieux films (Janvier/3)
Le harem (L'Harem, Marco Ferreri, 1967)
En pleine révolution sexuelle, Ferreri métaphorise à mort avec cette femme qui se partage les faveurs de trois prétendants. Provocateur à l'époque, le film ressemble aujourd'hui à un pétard mouillé, qui ne manque pas de style, mais certainement de fond. Carroll Baker, la Baby Doll de Kazan, n'est pas mal du tout dans son rôle de prédatrice finalement vaincue par le machisme revanchard.
Femmes coupables (Until they sail, Robert Wise, 1957)
La guerre. La Nouvelle-Zélande. Quatre soeurs seules, veuves ou avec un mari au front. Débarquement d'américains. Liaisons dangereuses et adultères à l'horizon. Wise tire un peu fort sur la corde du mélo. Paul Newman ne fait que passer et laisse la place aux miraculeuses Joan Fontaine et Jean Simmons. Nous sommes tous des soldats américains face à des yeux pareils.
Les culottes rouges (Alex Joffé, 1962)
Entre La grande illusion et La vache et le prisonnier, le film de Joffé tente de renouveler le film de "prisonniers français qui s'échappent d'un camp en Allemagne." Il n'est basé que sur l'opposition de caractères dominant/dominé, pas même tempérée par une fratrie quelconque. La vision du pauvre Bourvil constamment humilié par Laurent Terzieff devient vite pénible tant le portrait des deux personnalités des deux évadés ne se teinte d'aucune nuance. Le film a un côté déplaisant : l'égocentrisme face à la veulerie et puis c'est tout. Et comme la mise en scène reste au ras des pâquerettes ...
Vautrin (Pierre Billon, 1944)
Des 6 adaptations de Balzac tournés sous l'Occupation, le Vautrin de Pierre Billon, scénarisé par Pierre Benoit, est celle dont l'écrivain serait, sans l'ombre d'un doute, le plus honoré. Une super-production classieuse, délicieusement désuète, qui accentue l'aspect "liaisons dangereuses" et policier des romans de Balzac. Tout n'est ici, à l'époque de la Restauration, que foire aux vanités, aux manipulations et à l'ambition. Les répliques claquent plus sûrement que les portes, dans une atmosphère viciée où la veulerie et les compromissions règnent en maître. L'amour que porte Vautrin à Rubempré est clairement souligné par le film, vertige homo que la censure vichyste n'a semble t-il pas compris (?). Michel Simon est un Vautrin pharamineux, infâme crapule qui agite les ficelles de sa marionnette aux yeux d'ange (Georges Marchal). Dans la plus parfaite amoralité, le premier termine en indicateur de la police. Un parallèle évident avec le personnage de Henri Lafont, voyou notoire avant de devenir chef de la Gestapo française. Encore une subtilité oubliée par la censure, mais parfaitement comprise par les spectateurs de l'époque.
La belle romaine (La romana, Luigi Zampa, 1954)
Une adaptation fort intéressante du roman de Moravia. L'un des tous meilleurs rôles de Gina Lollobrigida, époustouflante en jeune fille tour à tour amoureuse, trahie, prostituée, amoureuse, trahie ... Incandescente, elle subjugue les excellents Daniel Gélin et Raymond Pellegrin, ce qui se comprend aisément. Un reproche majeur : le film joue la carte du mélodrame sans s'appuyer suffisamment sur le contexte fasciste de l'époque. Un bon Zampa, malgré tout, sans doute le cinéaste italien le plus sous-évalué qui soit.
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