Glanage de vieux films (Février/1)
What Price Hollywood ? (George Cukor, 1932)
Première mouture d'Une étoile est née. Pas mal, mais le passage du conte de fées (la petite serveuse devient star) au mélodrame n'est pas très maitrisé. Le film de Cukor est trop bavard, c'est son péché mignon, et souvent d'une théâtralité gênante. Cependant, l'avidité et les dérapages de la presse People y sont montrés de manière très moderne. Le point fort est l'interprétation avec une mention spéciale pour Constance Bennett, très bonne dans tous les registres.
Mystery in Mexico (Robert Wise, 1948)
Un bon petit film noir éclairci par le soleil de Mexico. Du travail alimentaire pour Robert Wise qui signa l'année suivante le remarquable Nous avons gagné ce soir. Partant du principe qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, cette oeuvrette sympathique se regarde d'un oeil narquois, avec ou sans sombrero. Et Jacqueline White (kiça ?) est fort charmante, bien qu'elle jouât comme une enclume. Et comme son partenaire, le célèbre William Lundigan (kiça bis) est tout aussi brillant, cela fait une belle paire.
Sept secondes en enfer (Hour of the Gun, John Sturges, 1967)
La suite de Règlements de compte à OK Corral et la remise en cause du mythe de Wyatt Earp. Un western sans éclat, crépusculaire, conçu comme une tragédie grecque où les morts sont plus nombreux que les dialogues échangés. Pas de problème, ça se laisse voir sans ennui, mais sans enthousiasme, hein. James Garner, Jason Robards, Robert Ryan : le casting est sévèrement viril, on n'est pas là pour conter fleurette. Ce sont les revolvers qui s'expriment ...
Abraham Lincoln (Abe Lincoln in Illinois, John Cromwell, 1940)
Adapté d'une pièce de théâtre, le film a contre lui d'être excessivement bavard et statique. Pas très gênant, en fin de compte, car cet Abraham Lincoln, qui narre 30 ans de vie du futur chef d'Etat, de petits boulots à l'élection présidentielle, montre l'homme plus que le politique, et c'est non seulement aussi fidèle à l'histoire que divertissant à suivre. Loin d'être une hagiographie, le film montre les hésitations de Lincoln, sa modestie presque maladive, son charisme indéniable et son humour de paysan. Sans ambition, si ce n'est sociale, il trouve en son épouse, qu'il n'aime visiblement pas, un aiguillon qui le pousse là où il ne serait jamais allé sans elle. L'un de ses discours est particulièrement marquant, et contient, en filigrane, une prise de position sans équivoque pour l'engagement des Etats-Unis aux côtés des Alliés (au moment du film, l'Amérique était encore neutre). A noter la ressemblance frappante entre l'acteur Raymond Massey, excellent par ailleurs, et son modèle.
La bataille de Naples (Le quattro giornate di Napoli, Nanni Loy, 1962)
Du 28 septembre au 1er octobre 1943, le peuple de Naples s'insurge contre l'occupation nazie - et en quatre jours, au fil d'une série d'actions d'éclat petites ou grandes, réussit à défaire et expulser l'occupant avant l'arrivée des Alliés. Le film de Nanni Loy, réalisateur plus connu pour ses comédies, s'appuie sur la vérité historique pour créer un film "global" qui parvient à donner corps à son projet, avec des accents néo-réalistes, tragiques et, même comiques. Plus que de guerre, il s'agit de guérilla urbaine, où des civils, enfants compris, prennent les armes pour vaincre l'hydre nazie. Un concentré d'héroïsme et d'inconscience, de rage et de dérision, que le cinéaste réussit à capter dans une sorte de docu-fiction qui sonne d'autant plus vrai que le napolitains de 1962 participèrent en grand nombre à ce film-hommage qui a une sacrée gueule.
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