Cinéphile m'était conté ...

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Glanage de vieux films (Avril/1)


Les révoltés d'Alvarado (Redes, Emilio Gomez Muriel/Fred Zinnemann, 1936)
Restauré récemment par la fondation de Martin Scorsese, Redes a été commencé par le photographe Paul Strand et finalement dirigé par le cinéaste mexicain Gomez Muriel et Zinnemann qui tournera son premier film américain 6 ans plus tard. Description d'une communauté de pêcheurs exploitée par le grand capital, le film se veut "révolutionnaire" et semble anticiper le néo-réalisme italien autant que les grands mélodrames mexicains des années 40 et 50 (dont La red d'Emilio Fernandez). Avec son casting d'amateurs, la partie fictionnelle est très maladroite, l'intérêt restant avant tout documentaire.

 


A Talent for Loving (Richard Quine, 1969)
Connu aussi sous le titre de Gun crazy, ce western parodique était considéré par Richard Widmark comme le pire film qu'il ait jamais tourné. Il est vrai que c'est du grand n'importe quoi avec un chef indien effrayé par les armes et un révolutionnaire mexicain qui s'habille en rose pour partir à l'assaut. L'intrigue principale tourne autour d'une malédiction sexuelle laissée en héritage par un sorcier aztèque. Le délire est tel qu'on ne peut même pas parler de navet, nanar serait plus adapté d'autant qu'il n'y est pas interdit d'y prendre un plaisir coupable. Même en fin de carrière et prisonnier d'un scénario écrit par un fumeur de moquettes, Richard Quine prouve qu'il a encore de beaux restes. Et une belle phrase à méditer : "Si les soldats devaient se battre en sous-vêtements, il y aurait moins de guerres."

 


Chicago (Bad Company, Tay Garnett, 1931)
Le bras droit d'un ponte de la mafia épouse une jolie poupée. Manque de chance, elle plait aussi à son patron qui lui tend un piège (à lui, pas à elle). Et là, c'est le drame. Oeuvre de jeunesse de Garnett que ce film de gangsters stéréotypé, fade et inconsistant. Une certaine ardeur dans le montage, tout de même, et une fusillade finale qui vaut son pesant de pop corn. C'est tout.

 


Heureux qui comme Ulysse (Henri Colpi, 1969)
Le vieil homme et le cheval, compagnon de près de 30 ans, destiné à finir ses jours dans les corridas. Un bel hymne à la Provence, à la Camargue, à l'amitié et à la liberté. Un road-movie buissonnier, bercé d'humanisme tranquille, au rythme d'une balade de George Brassens. D'autant plus émouvant que ce fut le dernier tour de piste de ce vieux cheval de Fernandel, mort un an après la sortie du film. S'il ne dirigea que 4 longs-métrages, Colpi obtint la Palme d'or à Cannes avec Une aussi longue absence en 1961. Il est bien oublié aujourd'hui.

 


La fiancée des ténèbres (Serge de Poligny, 1944)
Pendant l'Occupation, le cinéma français s'est beaucoup tourné vers le fantastique ou le merveilleux, avec une certaine réussite. La fiancée des ténèbres, réalisé par le méconnu Serge de Poligny, appartient à cette veine et est devenu une sorte de classique imparfait du genre. Le sujet, l'héritage cathare et la recherche du Graal, est original, et le cadre est somptueux, la Cité de Carcassonne. Parce qu'il joue aussi sur un registre réaliste, le film est un chouïa bancal et le manque de moyens (quelques décors en carton pâte) complique l'affaire. Qui plus est, le tournage fut très surveillé par les autorités allemandes et Poligny ne put emmener le film aussi loin qu'il le souhaitait. Cependant, à de nombreuses reprises, son climat éthéré séduit avec une Jany Holt, femme en noir maudite, absolument remarquable. Un film qui pourrait être l'occasion d'une nuit frissonnante aux côtés de L'éternel retour, des Visiteurs du soir, de La nuit fantastique et de La main du diable, tous de cette même période.



13/04/2012
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