Aux grands muets, les grands remèdes
De grands réalisateurs avec une carrière non négligeable à l'époque du muet. Beaucoup de trésors à découvrir. Et de raretés, parfois pour de bonnes raisons.
Le bled (Jean Renoir, 1929)
Le dernier film muet de Renoir reste méconnu et pas sans raisons. Il s'agit d'une oeuvre de commande et de propagande destinée à glorifier le travail des colons. L'intérêt documentaire est cependant assez mince et l'histoire d'amour fade et convenue. Le cinéaste se rachète dans la dernière partie du film, très agitée, avec poursuite en chameau et attaque de faucons.
Sumurun (Ernst Lubitsch, 1920)
Une fantaisie orientale adaptée d'une pantomime. Avec sheiks en blanc, harem solidaire, passions contrariées, décors kitsch et un clown bossu amoureux (Lubitsch, lui-même). Plusieurs intrigues se rejoignent dans ce film riche en péripéties mais assez peu emballant en définitive voire ennuyeux. Pola Negri, plus diva que jamais, éclabousse de toute sa classe cette oeuvre mineure.
Riley the Cop (John Ford, 1928)
"Un bon flic se reconnaît au nombre d'arrestations qu'il ne fait pas." Une comédie pure et jubilatoire de Ford qui roule à toute berzingue. Riley, en mission en Europe, découvre les joies de la bière à Munich et du champagne à Paris, tandis que la Prohibition règne en Amérique. Ford, bon sang irlandais ne saurait mentir, se montre irréverencieux et potache. Tout ce que l'on aime chez ce cinéaste humaniste.
A l'américaine (Champagne, Alfred Hitchcock, 1928)
Une jeune fille écervelée et un peu délurée. Son père qui n'aime guère son fiancé fait croire qu'il est ruiné. Pas trop sa tasse de thé, la comédie, et Sir Alfred passe le temps en s'amusant avec la technique. Il est vrai qu'il est mal servi avec un scénario au ras des pâquerettes que quelques menus gags viennent à peine égayer. Prestation gentillette de Betty Balfour. Pas de quoi sabrer le champagne.
Va d'un pas léger (Hogaraka ni ayume, Yasujiro Ozu, 1930)
Un petit malfrat tombe amoureux fou d'une jeune femme sage. Pour la conquérir, il doit redevenir honnête. Une trame assez simple pour cet Ozu fortement marqué par le cinéma américain notamment la description des milieux interlopes. Avec ses moments burlesques, sa sentimentalité pas trop appuyée et son sens des détails, le film est plutôt réussi même s'il est nettement moins familier dans ses thématiques habituelles.
Faiblesse humaine (Sadie Thompson, Raoul Walsh, 1928)
Mers du sud. Une femme légère est persécutée par un bigot qui veut absolument sauver son âme. Cette adaptation de Maugham reste mutilée, avec les bobines de la fin manquantes. Walsh respecte dans les grandes lignes le récit original et s'il ne le sublime pas, il s'en tire plus qu'honorablement. C'est surtout l'occasion de saluer la performance stupéfiante de Gloria Swanson au jeu moderne et réaliste.
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