Cavalcade de vieux films (Novembre/3)
Vulcano (William Dieterle, 1950)
Une prostituée, expulsée de Naples par la police, revient vivre dans son île natale qu'elle a quittée 18 ans plus tôt. Destinée par Rossellini à Anna Magnani, le réalisateur se retira après sa rencontre avec Ingrid Bergman, avec laquelle il mit en scène Stromboli, en même temps, et à quelques encâblures seulement du lieu de tournage de Stromboli. Concurrence entre deux récits voisins et amertume amoureuse pour la Magnani détrônée dans le coeur de Rossellini par la Bergman. Dieterle réussit parfaitement son film tout entier dominé par l'actrice italienne. Seule l'explosion du volcan laisse un peu sur sa faim. Stromboli et Vulcano furent deux échecs commerciaux cuisants et Anna Magnani ne reverra son grand amour que sur son lit de mort.
The Long Night (Anatole Litvak, 1947)
Remake de Le jour se lève de Carné dans la tradition américaine du film noir. Le scénario est très proche de l'original notamment par l'utilisation des flashbacks qui avaient tant désorienté le public français près de 10 ans plus tôt. Le film de Litvak ne possède pas la poésie sombre de son prédecesseur et est nettement moins compréhensible dans les raisons du crime du héros, puritanisme américain oblige (1). Le dénouement est également très loin de valoir celui du film de Carné, morale hollywoodienne oblige (2). Du bon travail malgré tout quoique Henry Fonda semble moins à l'aise qu'habituellement. Premier rôle marquant de Barbara Bel Geddes.
Comme les grands (No greater Glory, Frank Borzage, 1934)
Une bande de gosses se bat contre une autre pour conserver son territoire, un terrain vague. Adapté d'un roman autobiographique hongrois, plus tard mis en scènes par Zoltan Fabri (The Paul Street Boys), cette Guerre des boutons en plus sérieux symbolise la stupidité de la guerre, de toutes les guerres. Le caractère mélodramatique de son dénouement n'empêche pas le film d'être touchant dans sa pureté, même s'il faut bien le considérer comme un Borzage sans commune mesure avec les plus grandes réussites du cinéaste.
Charmants garçons (Henri Decoin, 1957)
Une danseuse est cernée par les hommes. Tous des mufles et des menteurs, sauf un, qui a l'inconvénient d'être cambrioleur. Petite comédie sans prétention, très années 50, qui sans être originale possède un petit côté piquant et frondeur. En grande partie grâce à Zizi Jeanmaire, superbe danseuse et excellente chanteuse, qui révèle un joli talent d'actrice avec une gouaille à la Arletty. Gélin, Vidal et Fröbe lui donnent la réplique avec vivacité. Pour l'anecdote, une fugitive apparition de Jean-Pierre Marielle ravira le cinéphile archiviste.
Oncle Harry (The strange Affair of Uncle Harry, Robert Siodmak, 1945)
Toujours célibataire, Harry pantoufle entre un travail répétitif et un foyer où il retrouve ses deux soeurs. La plus âgée est veuve et un peu maniaque, la plus jeune, hyponcodriaque, idolâtre littéralement son frère. Jusqu'au jour où ce dernier trouve la femme de sa vie. Et là, c'est le drame. Un très bon film noir/mélodrame freudien d'un habitué du genre, Robert Siodmak, qui se situe quelque part entre Clouzot et Hitchcock. George Sanders, aussi cauteleux que frustré, est comme toujours formidable. Seul défaut du film : sa moralité obligée pour l'époque qui ne fait qu'évoquer l'inceste et qui, surtout, oblige à un dénouement ridicule, absolument pas voulu par le réalisateur. Cinq fins ont été envisagées et c'estla plus "conservatrice" et grotesque qui a été retenue. Que cela n'empêche pas les cinéphiles d'aller jeter un oeil à cet excellent film.
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