Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Défilé de vieux films (Mai/2)

Brelan d'as, Henri Verneuil, 1952

Le concept de film à sketches n'a jamais réussi au cinéma français et le deuxième film de Henri Verneuil, juste avant Le fruit défendu, n'échappe pas à la malédiction. Les trois histoires policières, tirées de Steeman, Cheyney et Simenon, ne sont pas fameuses, il est vrai, mais la mise en scène nonchalante de Verneuil ne fait rien pour leur donner un peu de vie. On s'amuse tout de même de temps à autres devant le premier segment, défendu par Raymond Rouleau, et on apprécie de voir Michel Simon en Maigret dans le dernier mais le plaisir est relatif et l'ensemble suscite quelques bâillements. Les crimes ne sont pas parfaits, ils sont surtout passablement fastidieux.

 

Le dernier témoin (Der letzte Zeuge), Wolfgang Staudte, 1960

Dans la copieuse filmographie de Wolfgang Staudte, il faut retenir principalement Les assassins sont parmi nous et Rotation, tournés en RDA, avant son passage à l'ouest. Le dernier témoin n'est cependant pas à négliger, thriller nerveux au sang froid, qui démonte au passage un fonctionnement policier et procédurier implacable qui n'accorde aucune possibilité de se faire entendre à un coupable présumé, en l'occurrence ici une femme accusée d'avoir étranglé son enfant de 4 mois. Le côté théâtral du film peut sembler gênant mais son rythme sans temps mort et son efficacité sont indéniables. Tout cela pour rappeler qu'un(e) accusé(e) ne saurait être condamné(e) avant d'avoir été dûment reconnu coupable.

 

Todo modo, Elio Petri, 1976

De nombreuses personnalités de la politique et des affaires se retrouvent dans une retraite spirituelle dirigée par un prêtre. Entre deux sermons et trois prières, le jeu de massacre orchestré par Elio Petri va commencer et aller crescendo. Une farce épique, fantastique et dystopique (les premières images montrent une pandémie en cours) qui tire à boulets rouges sur la Démocratie Chrétienne qui "règne" en Italie depuis la fin de la seconde guerre mondiale avec des dirigeants corrompus jusqu'à la moelle. Petri ne fait pas dans la dentelle et le jeu survolté de Volonte et Mastroianni est fatigant sur la longueur. Le film, qui précède de deux ans l'acmé des années de plomb avec l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro, de par ses excès, ne saurait être comparé aux meilleures réalisations de Petri : Les jours comptés,  Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La dixième victime, par exemple.

 



22/05/2021
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