Cinéphile m'était conté ...

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Faisceau de vieux films (Août/3)

Avenue des enfants ingrats (Oyafukô dôri), Yasuzô Masumura, 1858

Avenue des enfants ingrats (référence à une rue de perdition du quartier de Ginza) est une œuvre de jeunesse de Yasuzô Masumura, qui ne brille pas par son scénario, sommaire. On y trouve même des éléments choquants, comme quand la jeune fille violée devient amoureuse de son bourreau. Mais ce portrait d'une jeunesse désabusée, qui s'apprête à entrer dans la vie active, sans illusion sur ce qui l'attend, suscite tout de même l'intérêt par la forme brutale et parfois virtuose que prend la mise en scène du cinéaste, capable de filmer un match de volley féminin comme s'il s'agissait d'un combat de boxe. Quant au héros, un dur, cynique et protecteur au cœur tendre, dès que l'on touche à sa sœur, il rejoint une cohorte de jeunes protagonistes insolents et immoraux de l'époque, dans le cinéma japonais. Avec Avenue des enfants ingrats, Masumura fait encore ses dents, mais cela ne l'empêche pas d'avoir déjà du mordant.

 

Le Précipice (Hyoheki), Yasuzô Masumura, 1958

Le quatrième film de Yasuzô Masumura montre un savoir-faire qui ne se démentira presque jamais, mais c'est ici au service d'un scénario fluctuant qui hésite entre plusieurs directions. D'abord, l'aventure montagnarde, sa dangerosité et la prise de risque de ses pratiquants ; ensuite, un suspense qui n'en est pas un, autour d'un accident qui aurait pu être causé par une corde de nylon défaillante ; enfin, un mélodrame incluant une femme mariée et la sœur d'un grimpeur. Les scènes dans la neige épaisse sont les plus convaincantes, contrairement aux moments sentimentaux qui semblent réalisés sans conviction, simplement pour donner un soupçon de romantisme. Ce sont plutôt les seconds rôles qui attirent l'attention, avec notamment un chef de service, fort en gueule, et un mari trompé, d'une grande zénitude.

 

La femme de Ginza (Ginza no onna), Kôzaburô Yoshimura, 1955

Voici un film obscur dans la riche carrière de Kôzaburô Yoshimura, dans lequel on trouve pourtant l'œil vif du cinéaste pour croquer ici les habitantes d'une résidence de geishas. Celle-ci est d'ailleurs en déclin, autour de ces femmes qu'un client décrit comme des beautés "ordinaires" qui ne survivent que chichement, surtout quand un protecteur cesse de soutenir la propriétaire de la maison. Le film s'éloigne peu à peu de sa veine documentaire pour se transformer en une comédie pas très fine où des journalistes, des policiers et une apprentie pyromane viennent mettre un peu de sel. On est loin des plus belles réussites du réalisateur de La poupée brisée et du Roman de Genji.

 



19/08/2025
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