Cinéphile m'était conté ...

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Carrousel de vieux films (Décembre/3)

Typhon sur Nagasaki, Yves Ciampi, 1957

Heureux au Japon depuis plusieurs années, y compris en amour, un ingénieur français voit débarquer son ex à Nagasaki. Cette première coproduction franco-nippone de l'histoire joue dans un premier temps la carte de l'exotisme avec poisson cru, théâtre de marionnettes et kimonos chatoyants. Le héros est partagé entre deux amours, oriental et occidental. Ciampi filme tout cela sans flamme particulière, malgré les prises de vue d'Alekan, peu aidé par le jeu guère inspiré de Marais et Darrieux qui semblent en vacances. Heureusement, la subtile Keiko Kishi, actrice de Naruse, Ozu et Kinoshita, semble davantage concernée. A cette tempête sentimentale, guère décoiffante, succède le spectacle du typhon proprement dit, qui a nécessité de gros moyens, et qui donne enfin du souffle à un film largement oublié et qui n'a bénéficié, sauf erreur, d'aucune édition DVD.

 

De l'amour, Jean Aurel, 1964

Raoul est un séducteur. Quitté par Hélène, il tente de conquérir Sophie puis se tourne vers Mathilde, jeune femme entreprenante. Le film s'inspire des écrits de Stendhal par l'entremise de son coscénariste, le célèbre Cecil Saint-Laurent, qui sert un peu de fil conducteur, présent à l'écran et en voix off. Séduction, cristallisation, collection, séparation, jalousie et même impuissance : le sentiment amoureux et le sexe y sont vus de manière très masculine, avec finesse et élégance, parfois, avec arrogance et suffisance, de temps en temps. Certains propos et plusieurs scènes auraient de quoi faire hurler les féministes d'aujourd'hui. Autre époque, autres moeurs. Le film est plutôt ludique, comme souvent chez Aurel, avec une petite pointe de mélancolie. Piccoli est parfait comme toujours et dans ce rôle de Don Juan des années 60 qui filme ses conquêtes (sexe, mensonges et super 8), il a la grande chance d'être entourée d'actrices belles et talentueuses : Anna Karina, Joanna Shimkus et surtout la merveilleuse Elsa Martinelli.

 

Voyage surprise, Pierre Prévert, 1947

Un garagiste, touché par la crise, croit faire fortune en organisant un voyage-surprise dans l'un de ses véhicules. Les clients affluent de tous les milieux de la société. Un révolutionnaire, à la recherche d'un trésor, s'y mêle. La fantaisie la plus débridée règne dans le dernier long-métrage de Pierre Prévert, écrit notamment avec son frère Jacques, road-movie particulièrement loufoque. Peu de gags visuels mais une multitude de situations incongrues à la marge du surréalisme. La bonne humeur est de rigueur et rien ne rappelle les années noires que vient de vivre la France. Peu de têtes connues dans ce film qui aurait, parait-il, influencé le Magical Mystery Tour des Beatles, hormis Maurice Baquet, Annette Poivre et la belle Martine Carol. Sans oublier une prestation "géante" de Pieral, dans le rôle de la grande duchesse de Strombolie (sic).

 

L'homme au cerveau greffé, Jacques Doniol-Valcroze, 1972

Un chercheur, se sachant condamné par une maladie cardiaque, fait transplanter son cerveau dans le corps d'un jeune homme victime d'un accident de la route. Un rare cas de cinéma fantastique français, assez inattendu dans le cas de Doniol-Valcroze, plus connu pour avoir été l'un de l'un des fondateurs des Cahiers du cinéma que pour les quelques films qu'il a réalisé. Le thème est intéressant et traité principalement de façon psychologique, avec une quête identitaire attendue (c'est mon cerveau mais ce n'est plus le corps que j'ai connu) mais aussi une intrigue qui devient freudienne (ma fille est amoureuse de mon nouveau corps sans savoir qu'il est occupé par le cerveau de son père). Alors qu'on s'attend à un dénouement pessimiste et tragique, c'est tout l'inverse qui se produit. Surprenant, ce petit film, pas formellement très réussi mais plutôt peu conformiste et astucieux. Avec un Mathieu Carrière parfaitement à sa place dans le rôle principal avec son physique inquiet.

 

Les vieux de la vieille, Gilles Grangier, 1960

Trois vieux amis décident de quitter leur village vendéen pour aller vivre dans une maison de retraite. Leur périple prendra un peu de temps et quelques bouteilles. S'il est judicieux de revaloriser globalement le cinéma de Grangier, il est difficile d'y inclure Les vieux de la vieille, caricature assez grossière de nos campagnes à l'orée de la décennie 60. Il est vrai que le film se présente comme une farce et on en accepterait l'augure si elle était un tant soit peu drôle ou picaresque. Elle n'a ces caractéristiques qu'en de rares moments tellement l'outrance semble être la règle dans cette comédie hors d'âge. Gabin, vieilli pour l'occasion, est le seul à s'en tirer convenablement même s'il cabotine comme ses petits copains, avec un accent à couper au couteau. Noël Noël a du mal à exister et Pierre Fresnay, totalement à contre-emploi, fait peine à voir quand on se souvient du temps où il côtoyait Gabin dans La grande illusion.

 



29/12/2018
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