Cinéphile m'était conté ...

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Gerbe de vieux films (Septembre/5)

The Sailor's Song (Das Lied der Matrosen), Kurt Maetzig et Günter Reisch, 1958

1917/1918 :  la Révolution russe, les grèves en Allemagne, le mouvement des Spartakistes, l'abdication du Kaiser. Das Lied der Matrosen prend à bras le corps une page d'histoire, dans un film produit par la DEFA, dont les visées propagandistes n'échapperont à personne. Néanmoins, malgré les lourdeurs d'un scénario qui est d'ailleurs parfois confus, certaines scènes de foule et de combats en font un film souvent impressionnant, avec de gros moyens mis en oeuvre. C'est la lutte finale mais l'échec de la prise du pouvoir par les rouges, qui ne se sont pas encore organisés en parti, est bien entendu expliqué dans un discours conforme à la ligne politique de l'époque du tournage, en RDA.

 

Un été sans eau (Susuz yaz), Metin Erksan, 1963

Ours d'Or à Berlin, Un été sans eau a été magnifiquement restauré, à l'initiative de Martin Scorsese. Et c'est tant mieux parce que cette histoire d'eau en Turquie, plus âpre que du côté de Pagnol, est assez ébouriffante, dans une mise en scène remarquable, sans cesse en mouvement. On a rarement vu un personnage aussi haïssable que celui du paysan prénommé Osman sur un écran : le film ne fait pas dans la dentelle à son égard, cela peut être un reproche, de même qu'une certaine cruauté vis-à-vis des animaux, qui est difficilement supportable aujourd'hui. Mais pour le reste, c'est du nanan, avec un Osman qui coupe l'accès à sa source aux autres paysans, qui convainc son frère de s'accuser d'un crime à sa place et qui n'hésitera pas à forcer la vertu de sa belle-soeur. Sensuel et oppressant, Un été sans peur a mis la Turquie sur la carte du cinéma, bien avant ses glorieux successeurs Yimaz Güney et Nuri Bilge Ceylan, pour n'en citer que deux.

 

H-8, Nikola Tanhofer, 1958

H-8 est dédié, ironiquement, au conducteur qui a provoqué un accident horrible, dans la soirée du 14 avril 1957, entre un camion et un autobus, sur la route qui mène de Zagreb à Belgrade. 8 personnes y ont laissé leur vie et le chauffard n'a jamais été identifié. Le film, dans ses ébourriffantes 7 premières minutes, dit l'essentiel sur les circonstances du drame, avant de remonter le temps et d'imaginer les dernières heures des futures victimes. Outre deux narrateurs qui égrènent les heures et maintiennent un suspense morbide autour de l'identité des condamnés, le film prend le temps de développer l'ensemble de ses personnages, agglomérant des morceaux d'intrigues qui font sens. La mise en scène de Nikola Tanhofer, qui n'en est alors qu'à son troisième film, est fantastique. En 2020, H-8 a été élu meilleur film croate de tous les temps.

 



19/09/2023
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