Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

De Naruse, jamais ne me lasserai


Cinq hommes au cirque (Sakasu gonin-gumi, 1935)
Cinq musiciens sont engagés au pied levé pour remplacer des artistes de cirque en grève. Pas grand chose à se mettre sous la dent dans ce film d'une heure et cinq minutes qui semble ne pas avoir passionné Naruse. Il n'y avait pas de quoi, en effet.

Tsuruhachi et Tsurujiro (Tsuruhachi Tsurujiro, 1938)
Elle joue du Shamisen, il chante à ses côtés. C'est un couple sur scène. Et en ville ? De disputes en réconciliations en nouvelles querelles, Naruse nous fait entrer dans l'intimité de ce duo qui ne cesse de se chamailler pour des broutilles. Une comédie aux accents graves, d'assez bonne facture, dont les nombreuses performances musicales enchantent et étonnent à la fois.

Et toi et moi (Ore mo omae mo, 1946)
"Vous êtes comme des sandales, l'un sans l'autre, vous ne servez à rien." Ceci, c'est ce que balance le patron d'une petite entreprise à ses deux employés les plus dévoués, qu'il exploite jusqu'à la moelle, y compris pour son propre amusement en soirée, ou ses réceptions à son domicile. Naruse adopte un ton burlesque qui renvoie à ses débuts dans les années 30 avec un duo qui n'est pas sans évoquer Laurel et Hardy. La satire sociale est sous-jacente, convoyée par la nouvelle génération, bien moins servile. C'est quasi un film communiste, sous ses atours de comédie. Nos deux employés, alors que des licenciements massifs menacent, ne vont-ils pas jusqu'à reprocher à leur patron de s'être enrichi et d'être lui-même "une sale sandale usée ?" Un petit film rafraichissant comme une tasse de thé vert glacé.

La bête blanche (Shiroi yajuu, 1950)
Quel mélodrame ! Mais tellement bien dosé et maîtrisé par Naruse, qu'il en devient d'une grandeur incontestable. Tout se passe dans une maison de rééducation pour prostituées. Le génie du réalisateur, comme souvent, est de dégager un thème principal et de lui adjoindre de nombreuses sous-intrigues qui, loin de noyer le sujet, l'enrichissent. Dans La bête blanche, chaque femme a une personnalité très marquée ou une histoire qui la hante : la rebelle indomptable, la syphilitique, celle dont le fiancé rentre de captivité, celle qui attend un enfant. A leurs côtés, deux personnages bienveillants : le directeur de l'institution et une doctoresse. C'est un film lourd de tension érotique (hétéro et homo) qui évolue vers le drame pur. Il faudrait plusieurs visions pour capter toute la richesse d'un tel film.


26/04/2011
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