Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Fagot de vieux films (Novembre/1)

Les bonnes nouvelles (Buono notizie), Elio Petri, 1979

Le dernier film de Elio Petri, avant sa mort prématurée, est une comédie noire, avec quelques moments hilarants malgré son pessimisme insondable. A travers son personnage principal, interprété par un remarquable Giancarlo Giannini, accompagné des excellentes Aurore Clément et Angela Molina, c'est tout l'absurdité et la violence du monde qui est montré. Rome est envahie de détritus, le terrorisme assassine au quotidien, les grèves s'enchaînent et nombre d'individus sont frappés par des maladies mentales. Là où il y a de la géhenne, il n'y a pas de plaisir, et l'être humain n'a guère d'autres sujets de conversation que le sexe et la mort. A part cela, dans un esprit proche de celui de Lina Wertmuller, le film est très drôle, mais oui !

 

Nous, les vivants (Noi vivi), Goffredo Alessandrini, 1942

Tourné en 1942 et adapté d'un roman américain, Nous, les vivants a connu un destin tumultueux. Le diptyque constitué de Noi, vivi et de Addio, Kira! est sorti en salle durant quelque mois, dans l'Italie fasciste, avant d'être retiré de l'affiche, la censure s'étant aperçue que le pamphlet anti-communiste était compris par le public comme une attaque insidieuse contre le régime de Mussolini. Grâce à la seule copie restante, le diptyque est finalement ressorti en 1986, sans doute expurgé de certaines scènes "fascisantes", sur une durée de 3 heures. Le récit ressemble aux gros romans russes classiques avec un égal mélange de sentiments exacerbés et de réalisme social. Certaines situations semblent peu crédibles dans l'URSS post-révolutionnaire mais le personnage de Kira, partagé entre deux hommes, aux opinions opposées, reste fascinant, grâce au jeu intense et subtil de la jeune Alida Valli. Au-delà, c'est toute l'étendue de la corruption des âmes et des coeurs, en temps de dictature, qu'elle se prétende ou non prolétaire, qui tient le premier rôle.

 

Les fleurs du soleil (I girasoli), Vittorio de Sica, 1970

Dans les 14 films que Sophia Loren et Marcello Mastroianni ont tourné ensemble, Les fleurs du soleil est

loin d'être souvent autant cité que Mariage à l'italienne ou Une journée particulière, par exemple. Son thème

est assez récurrent au cinéma : un amour fracassé par une guerre, avec ici le contexte particulier des

soldats qui ne sont pas revenus au pays et ont refait leur vie. Si Vittorio de Sica maîtrise bien son récit, avec

quelques très belles scènes, plusieurs passages ont du mal à être crédibles, en particulier la quête de

l'héroïne en Russie, à la recherche de son mari disparu. Le tout montre cependant une certaine délicatesse,

se plaçant d'abord du côté de l'épouse abandonnée, une bonne idée eu égard à la prestation émouvante

de Sophia Loren. Le personnage joué par Mastroianni est pour sa part bien moins développé. La dernière

scène appartient au mélodrame le plus pur, qui tient surtout grâce à l'alchimie des deux acteurs.

 



04/11/2024
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