Fagot de vieux films (Août/3)
Retreat from Kiska (Taiheiyo Kiseki no Sakusen: Kisuka), Seiji Maruyama, 1965
Conçu comme un semi-documentaire, pour ce qui est des faits historiques, Retreat from Kiska ressemble quand même beaucoup à un long-métrage patriotique japonais, même s'il s'agit ici de l'évacuation des troupes d'une île aléoutienne en 1943, et non d'une victoire. L'occasion de montrer que le "mourrons jusqu'au dernier pour l'Empereur" n'a pas toujours prévalu dans cette opération audacieuse, une sorte de Dunkerque en modèle réduit. C'est bien fait et parfois spectaculaire, avec un militaire autoritaire et contesté aux commandes, rôle dans lequel Toshiro Mifune impose son stoïcisme à toute épreuve.
Pavane pour un homme épuisé (Nihon no seishun), Masaki Kobayashi, 1968
Dans la filmographie des grands réalisateurs, et Masaki Kobayashi en est assurément un, il convient de ne
pas négliger les longs-métrages supposés mineurs et qui recèlent parfois de belles surprises. Il en est ainsi
pour le cinéaste japonais avec, par exemple, Je t’achèterai, mais aussi Pavane pour un homme épuisé (La
jeunesse du Japon, si l'on traduit littéralement son titre original), dont la densité romanesque (une
adaptation de l'auteur japonais du célèbre Silence) et l'humanisme donnent le frisson. Au-delà d'un assez
classique affrontement entre la génération des pères, qui ont connu la guerre, et des fils, qui ne savent que
faire de cet héritage, dans le Japon de la deuxième moitié des années 60, c'est l'intelligence de la narration,
avec des flashbacks superbement enchâssés et deux voix off contradictoires, qui impressionne le plus.
Loin d'être un simple mélodrame, le film use parfois d'un ton sardonique, voire délibérément comique,
autour de son anti-héros qui a beau être considéré comme un lâche par certains de ceux qui l'entourent,
n'en est pas moins un honnête homme, avec ses failles et ses erreurs. En dépit d'une ou deux coïncidences
trop marquées dans son déroulement, Pavane pour un homme épuisé fait partie de ces pépites japonaises,
et elles sont légion, que l'on découvre avec une intense jubilation.
Le serment rompu (Hakai), Kon Ichikawa, 1962
Le serment rompu nous éclaire sur la caste des burakumin, cette caste traditionnellement rejetée par la
société japonaise car chargées des métiers « impurs », ceux liés au sang et à la mort. Ie film d'Ichikawa
n'est pas un documentaire mais une fiction se déroulant au début du XXe siècle, aux alentours de Nagano,
avec pour personnage principal un enseignant qui a promis à son père de ne jamais révéler ses origines, de
manière à ne pas être ostracisé. C'est un beau film, d'une grande délicatesse, qui devient sans doute trop
sentimental sur la fin. Mais ce sujet autour d'intouchables, qui bien que tabou de nos jours au Japon, reste
cependant une triste réalité.
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