Cinéphile m'était conté ...

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Fagot de vieux films (Décembre/2)

The Beloved Image (Kao), Kôji Shima, 1960

Un mélodrame à forte teneur sentimentale, cela n'aurait pas fait peur à Mikio Naruse, bien que l'intrigue soit un peu légère. Mais avec Kôji Shima aux manettes, l'entreprise semble évidemment un peu plus artificielle. Néanmoins, avec une certaine délicatesse et le bruissement des non-dits, cette histoire d'une jeune femme qui a épousé le père de son aimé, parti en Amérique, ne manque pas d'allure, surtout quand les deux "amoureux" se retrouvent face à face, une fois l'époux disparu.

 

Vixen (Jotai), Yasuzô Masumura, 1969

Par certains côtés, Michi, l'héroïne de Vixen, symbolise la jeune femme japonaise des années 60, élevée par ses grands-parents, dans le rude dénuement de l'après-guerre. Elle se veut émancipée mais hait la solitude et ne cesse de partir à la conquête des hommes, en les manipulant à l'occasion. Masumura pousse le bouchon assez loin, comme à son habitude, dans ce portrait qui peut paraître aussi misogyne que féministe. Les hommes, eux, semblent perdus entre leur désir de respectabilité et l'envie soudain irrépressible de tout envoyer valser. La mise en scène est impeccable mais Masumura gère un peu moins bien que d'habitude les excès de son scénario, tenté de jouer la carte de l'érotisme et de la légèreté dans ce qui ressemble pourtant davantage à un drame existentiel. Peut-être aurait-il fallu une actrice plus talentueuse que Ruriko Asaoka pour nous faire croire à un récit certes trépidant mais néanmoins assez souvent incongru ?

 

La ville oubliée (Chizu no nai machi), Kô Nakahira, 1960

Dans un bidonville menacé de destruction, un jeune médecin cherche à se venger de ceux qui ont violé sa soeur. Mélange de film noir et de chronique sociale, qui s'attache aux laissés-pour-compte du développement économique du Japon de l'après-guerre. Le récit progresse par une série de flashbacks, destinés à faire monter la tension. Malgré un dénouement qui enchaîne maladroitement les twists et un peu de surjeu occasionnel des principaux interprètes, La ville oubliée reste constamment passionnant à suivre, tant par la richesse psychologique des personnages que par son atmosphère étouffante et la maîtrise de la mise en scène du trop peu connu Kô Nakahira.

 



17/12/2024
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