Cinéphile m'était conté ...

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Défilé de vieux films (Janvier/4)

Palabre sur le nil (Sarsara fawq al-Nil), Hussein Kamal, 1971

Une péniche sur le Nil dans les années soixante. Tous les soirs, des amis se rejoignent et refont le monde dans les vapeurs du haschisch. Adapté d'un célèbre roman de Naguib Mahfouz, le film de Hussein Kamal décrit la vie décadente, insolente et libertine d'une poignée d'intellectuels qui se moquent de la société, de la politique et de la morale, au côté d'un petit fonctionnaire qui essaie d'oublier la corruption et le cynisme de son époque. Il est l'un des pivots du film mais pas le seul, chacun des personnages étant particulièrement bien dessiné. Le contexte est celui de la guerre des six jours et le régime de Nasser, autant critiqué que le mode de vie dégénéré de ses principaux protagonistes. Souvent drôle, toujours cruel, excellemment filmé, Palabre sur le Nil est d'une puissance que les années ont peu altéré.

 

Hassan et Naïma (Hasan wa Naymah), Henry Barakat, 1959

Hasan, chanteur de mariages, aime Naïma, fille de propriétaire terrien, et réciproquement. Mais le père de la jeune femme a d'autres projets. Ah, les amours contrariées, que serait le cinéma sans elles ? Hassan et Naïma est une version égyptienne de Roméo et Juliette, pleine d'embûches en cours de route, mais moins tragique en son épilogue. Henry Barakat, qui a signé quelques classiques solides au pays des Pharaons, n'est certes pas un Shakespeare du Nil mais sait mettre quelques ingrédients autres que le sucré d'une romance, parfois niaise, pour élever les débats. Un petit côté social, par exemple, mais si ce n'est qu'une esquisse. Et puis, le méchant de l'histoire est très réussi et éclipse facilement les roucoulements des deux héros enfievrés d'amour.

 

Le voleur et les chiens (El less wal kibab), Kamal El-Cheikh, 1962

Saïd est un caïd de petite envergure, dénoncé par son meilleur ami qui lui ravit son épouse durant son emprisonnement. Mais l'heure de la vengeance va sonner. Adapté d'un roman célèbre de Naguib Mahfouz, Le voleur et les chiens montre un criminel victime d'une société inégalitaire. Sans excuser ses méfaits, le film évoque une Egypte, du temps de Nasser, où les disparités sont criantes et l'espoir limité, pour les plus miséreux. Le personnage le plus emblématique est sans doute celui de la prostituée, attachée à Saïd, et qui rêve naïvement à une autre vie, impossible. Le film est bien fait, se déroulant une grande partie de nuit, penchant vers le cinéma noir américain et ses héros solitaires et enragés, à la fois victimes et bourreaux.

 



18/01/2021
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