Ecran total à La Rochelle (9)
4 films en lice pour cette avant-dernière journée : letton, français, roumain et belge. Avec une préférence marquée pour le premier et le dernier.
Mellow Mud (Es esmu seit), Renars Vimba
Des trois pays baltes, la Lettonie est sans doute le moins développé dans le cinéma contemporain (hormis pour l'animation). L'intérêt est donc grand pour découvrir le premier long-métrage de Renars Vimba présenté au Festival de Berlin 2016. L'histoire de la jeune Raya qui veut seule dans une maison isolée de la campagne avec son petit frère et sa grand-mère est en apparence modeste mais le scénario, par petites touches, réussit ànous intéresser à la vie de ces quasi orphelins qui se battent pour survivre. Si le film est aussi prenant, il le doit en très grande partie à son interprète féminine exceptionnelle, Elina Vaska, qui est pratiquement de tous les plans et montre un talent époustouflant. Elle a le potentiel pour s'imposer sur la planète cinéma bien au-delà de la petite Lettonie.
Mercenaire, Sacha Wolff
A travers l'itinéraire galère d'un apprenti rugbyman venu de Nouvelle-Calédonie, Sacha Wolff s'engouffre dans tout un tas de thématiques peu fréquentes dans le cinéma français. A commencer par les traditions de cet univers mélanésien si peu connu et celles du monde de l'ovale qui puise dans allègrement dans le vivier de ces joueurs exotiques. Las, Mercenaire, pétri de bonnes intentions, semble enfiler tous les clichés les plus éculés que ce soit du côté de Nouméa ou d'Agen. Les amateurs de rugby en particulier seront atterrés par le nombre de poncifs qui remplissent le film, dans une construction naïve et mélodramatique qui fait peine à voir. Triste.
Dogs (Câini), Bogdan Mirica
C'est une belle année pour le cinéma roumain, fêté à Cannes par la sélection de 3 films avec celui du débutant Bogdan Mirica, Dogs, qui côtoyait ceux de Mungiu et Puiu. Un premier long-métrage qui ne manque pas de mordant, évidemment, notamment dans ses scènes d'exposition où l'on découvre les grands espaces de la Roumanie rurale et une histoire qui s'annonce comme un véritable western. On déchante cependant au fil des minutes de Dogs qui est surtout l'occasion pour le metteur en scène de faire le malin avec l'introduction d'une violence sourde et une lenteur étudiée qui créent certes une forme d'angoisse mais dont la gratuité semble évidente dans une posture qui rappelle ccelle du cinéaste mexicain Escalante. Une relative déception après un début assez prometteur.
L'économie du couple, Joachim Lafosse
Après Les chevaliers blancs, le cinéaste belge Joachim Lafosse, au talent indéniable, nous devait une revanche. Mission accomplie avec L'économie du couple qui raconte la fin d'une relation amoureuse et les tensions qui s'ensuivent, d'ordre financier notamment, sous les yeux de deux fillettes. Film de dialogues, certes, se situant totalement dans un lieu unique, l'appartement, sans effets majeurs mais aussi prenant que Scènes de la vie conjugale de Bergman. Le scénario oblige à prendre parti pour l'un ou l'autre des deux protagonistes quitte à changer d'avis tous les quarts d'heure. Les petites filles sont admirables, Bérénice Bejo a rarement été aussi juste et, surtout, Cédric Kahn, plus connu comme réalisateur, livre une prestation époustouflante. A la façon de Sieranevada, la mise en scène de Lafosse, dans un espace aussi réduit, est impressionnante de fluidité et d'une virtuosité tranquille. On a retrouvé le Joachim Lafosse que l'on apprécie.
A découvrir aussi
- Les tribulations d'un cinéphile à La Rochelle (1)
- Biarritz côté latino (1)
- Ecran total à La Rochelle (3)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres