Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ecran total à La Rochelle (4)

C'est toujours bon de réviser ses classiques, surtout sur grand écran. Aujourd'hui, ce fut Les enchaînés d'Hitchcock. Au rayon découvertes, escapade au Portugal (languissant) et en Hongrie (magnifique).

 

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 Colo, Teresa Villaverde

La crise économique et ses conséquences désastreuses sur les liens sociaux alimente la création portugaise depuis quelque temps, que ce soit au cinéma (Saint-Georges, L'usine de rien) ou en littérature (Indice de bonheur moyen). Le sujet de Colo, de Teresa Villaverde qui n'avait pas donné de nouvelles depuis longtemps, est assez voisin de celui du savoureux roman de David Machado. Mais le traitement est on ne plus différent : tragi-comique pour le livre, minimaliste et austère pour le film. Chronique de la lente implosion du noyau familial, Colo prend son temps, c'est le moins que l'on puisse dire. L'on suit d'un œil parfois distrait les fugues respectives du père, de la mère et de la fille ainsi qu'une vie commune de plus en plus difficile et qui se désagrège. Pas de misérabilisme, c'est déjà cela, mais l'absence voulue de dramaturgie saillante n'est pas loin de plonger le spectateur dans une léthargie croissante.

 

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Corps et âme, Ildiko Enyedi, sortie le 25 octobre

En 1989, la réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi obtenait la Caméra d'Or à Cannes pour Mon XXe siècle. En 2017, elle a décroché l'Ours d'Or pour Corps et âme. Et entre les deux ? Une poignée de films pas sortis en France (hormis l'obscur Simon le mage), un documentaire, un court-métrage et une série télévisée. Bref, pas vraiment une carrière à la hauteur de l'immense talent dont elle fait montre dans son dernier film. Corps et âme est une comédie romantique mais on en a rarement vu, pour ne pas dire jamais, de cette qualité et de cette originalité. Le mieux est d'ailleurs d'y aller sans connaître quoi que ce soit de son scénario. Il suffit de savoir qu'il s'agit d'une histoire d'amour entre deux handicapés sentimentaux, que la majeure partie du film se passe dans un abattoir (pas bien romantique pourtant), qu'on y voit un cerf et une biche dans une forêt enneigée, que les rêves y tiennent une grande importance, voilà tout. Poétique, surprenant, allégorique, magique, burlesque, Corps et âme est tout cela à la fois. C'est aussi un film qui montre avec pertinence le monde du travail, ses dysfonctionnements et ses compromissions, et qui fait par ailleurs singulièrement réfléchir sur la façon dont sont traités les animaux destinés à nous nourrir. Mais cela reste avant tout un hymne à l'amour et au rapprochement des âmes. A son scénario, admirablement écrit, répond une mise en scène inventive et fluide. L'un des plus beaux films de l'année, ni plus, ni moins, qui mériterait de faire plusieurs millions d'entrées dans les salles françaises. Et l'Oscar du meilleur film étranger ? Absolument, aussi !

 



04/07/2017
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