Cinéphile m'était conté ...

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Ecran total à La Rochelle (4)

Encore deux grands films cannois à l'affiche : Toni Erdmann et Le client. Et en guise d'amuse-gueule, un long-métrage canadien.

 

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Toni Erdmann, Maren Ade

 

Voici donc le film qui a fait se gondoler Cannes et dont l'absence au Palmarès a ému tus les festivaliers. Sa réputation n'est absolument pas usurpée avec une multitude de scènes délirantes qui ne sont pas loin de provoquer des fous rires irrépressibles. Mais Toni Erdmann est bien plus que cela et ses 2 heures 42, qui passent très vite, sont d'une très grande richesse thématique. Outre la mondialisation, et les rapports entre une puissance occidentale (l'Allemagne) et un pays émergent (la Roumanie), le film est d'une lucidité et d'une justesse impressionnantes lorsqu'il s'attaque à la vie en entreprise, et notamment dans les multinationales. Stress, sentiments "Corporate", défoulement, dérives, tout y est. Sur le plan émotionnel, Toni Erdmann s'impose avec un éclat tout particulier, dans une relation père-fille puissante et jamais convenue. Le film semble parfois improvisé comme si la réalisatrice Toni Erdmann avait laissé une grande latitude à ses interprètes, à moins que tout soit écrit, au cordeau. Les deux acteurs principaux sont éblouissants : Peter Simonischek et Sandra Hüller, dans des partitions variées et inspirées. Si le jury de Cannes, plutôt que de couronner un Ken Loach honnête mais attendu, avait voulu prendre des risques et souligner une écriture et une mise en scène brillantes et singulières, c'est Toni Erdmann qu'il aurait choisi sans hésiter.

 

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Le client (Forushande), Asghar Farhadi

 

Après Une séparation et Le passé, Asghar Farhadi, de retour en Iran, a écrit et réalisé une nouvelle mécanique de précision où un couple se lézarde dans un climat de tension psychologique qui connait son paroxysme dans les dernières minutes. Le client, qui fonctionne comme une mise en abyme de Mort d'un commis voyageur, joué par les deux protagonistes du film, dans un Téhéran en plein bouleversement où l'on détruit les demeures du passé pour faire place à des constructions modernes. Tout se délite dans Le client, et la société iranienne d'abord, que Farhadi ausculte avec finesse, jouant une fois de plus avec la censure. On reprochera sans doute au film sa froideur, son peu de bienveillance envers ses personnages, notamment masculins, lesquels semblent, malgré leur refuge dans la culture, victimes de leur environnement et de leur gènes machistes. Si le film tourne au mélodrame, c'est avec une grande maîtrise et en ménageant de larges espaces d'ambigüité dans le comportement des uns et des autres. Farhadi est peut-être un moraliste mais il n'assène pas ses vérités, répétant que chacun a ses raisons pour ses façons d'agir aussi blâmables et parfois incompréhensibles soient-elles à nos yeux.

 

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Avant les rues, Chloé Leriche

 

Autodidacte, Chloé Leriche réalise, monte, scénarise et distribue toutes sortes de formats filmés auprès des communautés autochtones du Canada. Son premier long-métrage de fiction, présenté à Berlin, se déroule tout naturellement dans l'une de ces communautés et un village atikamekw. Une histoire de résilience, assez traditionnelle, qui prône le retour aux valeurs ancestrales mais qui est en partie plombée par des tentations esthétisantes. Le sous-titrage en français du Québec est parfois peu compréhensible, hélas.



04/07/2016
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