D'Arras ton univers impitoyable (2)
Le beau temps s'est installé en même temps que les étals des marchés sur la Place des Héros d'Arras. D'autres héros sont à l'affiche du Cinemovida et du Casino qui abritent les salles du Festival. Billet en poche depuis hier, je n'ai pas besoin de faire la moindre queue. La Rochelle pourrait s'en inspirer. Quatre films à mon programme du jour, en ne commençant qu'à 11h30 et avec une bonne pause au milieu de l'après-midi.
L'arbre (Drevo) de Sonja Prosenc
Pourquoi le jeune Veli reste y-il cloîtré dans sa maison avec son grand frère et sa mère ? La tragédie de L'arbre comporte trois actes, chacun portant le nom d'un membre de cette famille. Le premier film de la slovène Sonja Prosenc est très maîtrisé du point de vue visuel et l'interprétation particulièrement juste. Son système narratif, qui révèle les secrets du drame au fur et à mesure, est intrigant mais le rythme lent confère à l'ensemble une pesanteur qui finit par desservir un film pourtant remarquablement réalisé.
Le nouveau de Rudi Rosenberg (sortie le 23 décembre)
Beaucoup de fraîcheur, de spontanéité et de justesse dans Le nouveau, premier film nourri en grande partie par les propressouvenirs du réalisateur, Rudi Rosenberg. Le film esquive très habilement les clichés liés à cette période charnière qu'est la classe de quatrième, cette préadolescence où chacun se cherche à sa propre manière. Rosenberg souhaitait que son film ne ressemble pas à ceux que l'on voit habituellement, dans ce genre souvent abordé notamment dans le cinéma américain. C'est plutôt réussi avec un regard tendre mais sans concession voire trash y compris dans le traitement du handicap, par exemple. Et l'idée de pratiquement exclure les adultes du film est excellente.
La fille du patron d'Olivier Loustau (6 janvier)
Olivier Loustau rend hommage à son père et à un univers qu'il connaît bien, assez souvent absent du cinéma français : le monde ouvrier. C'est le côté humain, authentique, solidaire mais sans candeur de La fille du patron, qui frappe, dans un scénario qui a la simplicité des bonnes histoires avec des personnages de chair et de sang observés avec tendresse. Le rugby occupe dans le film une place qui n'est pas que symbolique. Loustau n'est certainement pas un novice dans ce sport et sa façon de le filmer, au plus près des mêlées, dépasse largement ce qu'Eastwood proposait dans Invictus. Acteur viril, Lousteau a eu la bonne idée de confier le rôle principal féminin à Christa Théret, moins fragile qu'il n'y paraît. Leur alchimie est crédible. Quant aux seconds rôles, ils sont eux bien présents et remarquablement interprétés.
Un jour comme un autre (A perfect Day) de Fernando Leon de Aranoa (16 mars)
Récit du quotidien de volontaires humanitaires à l'époque de la fin du conflit en Bosnie, Un jour comme un autre se présente comme un drame dans une comédie. Plutôt que l'inverse. A savoir que c'est l'absurde qui domine ici, non seulement dans l'enchaînement des faits mais aussi dans le caractère très particulier de ses protagonistes. Là, il faut bien dire que le scénario privilégie les deux personnages masculins, hauts en couleur, joués par deux monstres : Benicio del Toro et le trop rare Tim Robbins. Mélanie Thierry et Olga Kuryenko n'ont que des miettes à leur disposition, ce qui est dommage car elles ne manquent pas de tempérament. Le film peut déconcerter par son humour noir et ses variations de ton au fil des scènes. Bien que semblant parfois incongru, il semble bien être, au moins en grande partie, fidèle à la drôle de vie que mènent ces hommes et femmes en 4X4, au milieu d'une population accablée par la guerre mais fière parfois menaçante face à ces étrangers qui s'immiscent dans un conflit qu'ils ont du mal à comprendre.
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