Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Défilé de vieux films (Janvier/3)

Mon quartier (Waga machi), Yûzô Kawashima, 1956

En 1906, après avoir participé à la construction d'une route aux Philippines, un homme retourne au Japon. La compagne qu'il a abandonnée est mourante et elle lui laisse une petite fille. Waga machi s'étend sur 40 ans, avec de fortes ellipses, et trace le portrait d'un japonais de l'ancien temps, qui ne comprend pas que ses valeurs, fondées sur la toute puissance impérialiste de son pays, n'ont plus lieu d'être. Ce personnage antipathique, conducteur de rickshaw, qui sème le malheur autour de lui, est traité avec une certaine bienveillance amère, opposé qu'il est aux femmes de sa vie, notamment sa fille puis sa petite-fille. Le film choisit une certaine légèreté, et parfois truculence, dans un contexte de mélodrame, pour célébrer la nouvelle voie empruntée après la guerre par le Japon.

 

La méduse électrique (Denki Kurage), Yasuzo Masumura, 1970

La jeune et sage Yumi change radicalement de vie après l'emprisonnement de sa mère. Cette dernière a tué son amant, après le viol de Yumi. Cette dernière, comme souvent les femmes chez Masumura, n'est pas qu'une victime et sa vengeance sera totale. Une chronique érotico-sociale et amorale d'un réalisateur qui s'y connait en matière de perversité et qui ne se prive pas de cingler la société japonaise, patriarcale et corrompue. Le film n'a pas le même impact que ses plus grandes réussites antérieures, que la censure rendait plus subtiles, mais la science du récit et surtout de l'image de ce maître japonais désormais reconnu est indéniable.

 

Au fil des ans dans la joie et la peine (Yorokobi mo kanashami mo ikutoshitsuki), Keisuke Kinoshita.

25 ans de dur labeur pour un couple de gardiens de phare, aux 4 coins du Japon. Cette fresque de plus de 2 heures 30 est bien dans la manière de Kinoshita : un hommage vibrant à une profession rude qui exige loyauté et sens du sacrifice. Le film en rajoute un peu avec une chanson qui revient en boucle mais on y retrouve les grandes qualités du cinéaste japonais, avec sa fluidité narrative, son sens des ellipses, sa manière de traité les petits rien du quotidien et, bien entendu, une maîtrise formelle tant pour les scènes intimistes que pour les plans de paysages. Les glandes lacrymales sont moins sollicitées que dans Les 24 prunelles mais un peu quand même alors que la période de guerre est traité un peu mollement. Hideko Takamine, la femme du gardien de phare, est comme à l'habitude merveilleuse et ... lumineuse.

 



11/01/2021
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 51 autres membres