Butin de vieux films (Janvier/1)
Barrage contre le Pacifique (This angry Age), René Clément, 1957
Le film n'a jamais connu d'édition DVD et n'est pas diffusé sur les chaînes de TV, y compris thématiques (problème de droits). On trouve cependant une copie médiocre, mais regardable, sur Youtube, en V.O anglaise, sans sous-titres (This angry Age). C'est mieux qu'un ratage, un vrai film détraqué qui adapte de façon guère satisfaisante le roman de Duras. Cela dit, c'est toujours mieux que la dernière version, très mauvaise, de Rithy Panh (2009). René Clément et son scénariste Irwin Shaw s'attachent davantage aux errements sentimentaux des deux enfants de la propriétaire de la plantation qu'à cette dernière et à sa lutte insensée pour cultiver une terre condamnée par les caprices de l'océan. Les scènes hystériques sont épouvantables plus proches d'un Tennessee Williams que de Marguerite Duras. De temps en temps, les langueurs d'Indochine reprennent le dessus et au moins le film ne cède pas à un exotisme de pacotille. L'interprétation est fade : Silvana Mangano est trop âgée pour son rôle, Jo van Fleet en fait beaucoup et Richard Conte et Alida Valli semblent se demander ce qu'ils sont venus faire dans cette galère. Seul Anthony Perkins surnage, personnage empreint de folie et de mélancolie. Le plus mauvais film de René Clément ? Peut-être mais avec un charme fané qui vaut bien une vision.
Le grand amour (Die grosse Liebe), Otto Preminger, 1931
Dix ans après la fin de la Première Guerre mondiale, Franz quitte la Russie pour revenir à Vienne. Il sauve une petite fille de la noyade, scène qui est photographiée et publiée dans la presse. Frieda, voyant les photos, croit qu'il est son fils. Metteur en scène de théâtre, Otto Preminger tourne son unique film en Autriche avant de partir 4 ans plus tard en Amérique. Ce n'est pas une oeuvre impérissable, loin s'en faut, mais intéressante pour sa mise en scène fluide dans ses travellings et sa satire des nouveaux riches et de l'administration. Le film aurait pu être un mélodrame ou un suspense, il est davantage traité comme une comédie sentimentale et ironique pleine de bon sens et d'humanité. Une curiosité de la part du futur réalisateur de Laura.
Tortilla Flat, Victor Fleming, 1942
A Monterey, un groupe de vagabonds se laisse vivre, fuyant le travail et appréciant les chansons et le vin. Mais l'un d'eux hérite de deux maisons et tombe amoureux. Victor Fleming n'est pas considéré comme l'un des grands réalisateurs de Hollywood et c'est sans doute une erreur. Il est surtout connu pour Autant en emporte le vent qui n'est pas entièrement de lui et qui n'est pas ce qu'il a fait mieux. Cette adaptation de Steinbeck peut sembler quelque peu caricaturale dans sa première partie avec un Spencer Tracy a priori peu crédible en mexicain. Mais l'acteur est assez extraordinaire et s'adapte parfaitement au renversement de ton dans le deuxième pan du film où l'émotion affleure naturellement, à base de candeur mais aussi de haricots et de tortillas. Le couple volcanique formé par l'excellent John Garfield et la magnifique Hedy Lamarr fonctionne parfaitement. C'était l'un des rôles préférés de l'actrice.
Le petit roi, Julien Duvivier, 1933
Placé sur le trône après l'assassinat de son père, le petit roi est l'objet des intrigues de la cour. Malade, il part en convalescence dans le sud de la France. où il retrouve sa mère. Film obscur de Duvivier, Le petit roi est un mélodrame qui réserve peu de bonnes surprises avec son intrigue molle et un surjeu constant des comédiens, avec notamment une prestation courte et hallucinée de ce fou de Le Vigan. On apprécie cependant le magnifique décor du Haut-Koenigsbourg et bien entendu la présence du petit Robert Lynen, vedette auparavant de Poil de carotte, du même Duvivier. Pour se rappeler que Résistant pendant la guerre, il fut fusillé par les nazis en 1944.
Feu magique (Magic Fire), William Dieterle, 1955
Richard Wagner, sa vie, son oeuvre. De l'âge de 21 ans à sa mort, l'existence vagabonde du musicien est traitée de façon inspirée que possible. On y voit un peu le révolutionnaire, beaucoup le créateur, énormément l'homme à femmes. Certains épisodes sont escamotés, son antisémitisme très courant à l'époque et récupéré plus tard par les nazis pas évoqué du tout. Son amitié tumultueuse avec Liszt est au centre du film et notamment l'animosité de ce dernier quand Wagner épouse sa fille Cosima. Outre un script relativement plat, le film est gâché par un interprète très fade et sans charisme, le dénommé Alan Badel. Yvonne de Carlo, qui incarne la première épouse du héros, a davantage de personnalité mais disparait au milieu du film. Dieterle, si à l'aise dans les biographie de célébrités (Juarez, Zola, Pasteur) dans les années 30 semble ici sans motivation avec ce scénario sans éclat.
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