Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

De résigné à enragé (Neds)

Acteur brillant chez Ken Loach, Peter Mullan réalise peu (3 films depuis 1998), mais ses sujets traitent toujours de sujets forts, ancrés dans sa chère Ecosse. Après l'excellent The Magdalene Sisters, Neds a clairement une base autobiographique, une enfance et une adolescence dans le Glasgow des années 70 qui ressemblent fort à celles du cinéaste. Elève doué, John McGill, le héros de Neds, victime d'un environnement détestable -frère délinquant, père alcoolique, corps enseignant incompétent-, va peu à peu déchoir et s'installer dans une violence quasi animale. Il y a au moins deux choses que déteste Peter Mullan : la psychologie à deux shillings et le pathos. Neds est donc un film rude, sec comme un coup de trique (ce n'est pas qu'une image, c'est le châtiment qui semble le plus "éducatif" dans les écoles écossaises de l'époque) et dénué de toutes explications quant au changement d'attitude de John, qui, de résigné devient enragé. Le réalisateur n'a pas souhaité de transition entre ces deux états, d'où le malaise (et l'incompréhension ?) qui nous saisit. On pourra éventuellement remettre en cause la structure narrative du film, et encore, mais pas l'authenticité de la démarche, la puissance d'une mise en scène qui ne fait pas de quartiers et la qualité d'une interprétation remarquable. Peter Mullan, lui-même, dans le rôle du père, est sidérant de vérité et de douleur rentrée.

 




04/09/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres