Récolte de vieux films (Décembre/3)
Le dirigeable (Dirigible, Frank Capra, 1931)
Un pilote de dirigeable tente d'atteindre le Pôle sud. Sans succès. Son meilleur ami, un pilote d'avion tente également d'accomplir cet exploit. Le film est le premier grand film d'aventures de Capra, à peine parasitée par une romance amoureuse qui oppose les deux hommes pour les beaux yeux de Fay Wray (la future "fiancée" de King Kong). Une véritable oeuvre épique, mise en scène avec brio, qui annonce, par certains côtés, l'un des futurs chefs d'oeuvre de Capra : Horizons perdus.
La poison (Sacha Guitry, 1953)
Le générique du début dure dix minutes. Tout commence par un panégyrique de Guitry à l'encontre de Michel Simon, qui reçoit les compliments du Maître sans broncher. Le réalisateur présente ensuite un à un tous les comédiens, avec pour chacun un petit mot spirituel. Et il poursuit avec les techniciens, jusqu'aux responsables de la cantine ! Du Guitry pur jus ! Quant au film, dont Jean Becker a tenté un remake désastreux, il est un règlement de comptes sans concession contre l'institution du mariage (Guitry connaissait le sujet par coeur) et aussi contre la justice (pour laquelle il nourrissait un ressentiment certain depuis son incarcération au moment de l'Epuration). Peut-être le film le plus cynique de l'auteur, gorgé d'humour noir, avec un Michel Simon impérial.
In the Meantime, Darling (Otto Preminger, 1944)
Pas facile la vie d'une jeune mariée, alors que son époux passe son temps sur le champ de manoeuvres, en attendant de partir pour le front. Preminger a tourné cette commande à toute vitesse avant de signer son premier chef d'oeuvre, Laura. La comédie est mignonne, avec un final patriotique, destinée aux foules sentimentales qui avaient bien besoin de réconfort en cette année 1944. Les soupirants de la belle Jeanne Crain y verront un autre attrait, celle de voir l'actrice dans l'un de ses premiers rôles et, hum, déjà craquante comme un cookie.
Femme de feu (Ramrod, André de Toth, 1947)
La femme de feu, c'est Veronica Lake (d'où l'expression : il y a le feu au Lake ?), exquis tanagra qui illumina de sa blondeur quelques films noirs des années 40. Ici, elle est au crépuscule de sa carrière, dans un western où elle joue le rôle d'une fieffée gourgandine, salope serait un mot plus juste, à cause de qui s'affrontent deux clans rivaux. Joel McCrea, grand naïf et alcoolique repenti, mettra du temps à comprendre -une bonne douzaine de morts- à quoi joue cette sorcière au visage d'ange. Dirigé par de Toth, un ex de Veronica, soit dit en passant, le film est brutal et développe un scénario qui surprend par sa relative complexité. Il n'a pas la densité de ses westerns futurs, mais peut se ranger sans problème dans la catégorie plus que honorable.
J'ai trois amours (Please believe me, Norman Taurog, 1960)
Une londonienne hérite d'un ranch au Texas. Trois hommes sont à ses trousses pour profiter de sa bonne fortune. Déjà, le script n'est pas très finaud. Avec ses gros sabots, le déplorable Norman Taurog rend l'affaire lourde au possible. Deborah Kerr est bien (quand ne l'a t-elle pas été ?), on la préfère quand même largement dans le drame.
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