Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

D'Arras ton univers impitoyable (6)

Les débats de fin de soirée sont souvent les plus intéressants. Notamment parce que le temps y est moins compté que quand une séance doit suivre. Evidemment, cela emmène largement au-delà de minuit. Dans un registre très différent de Jean-Pierre Bacri, hier, Jean-Hugues Anglade a parlé avec ferveur de son métier de comédien. Pour le reste, c'était une journée très féminine avec les films de réalisatrices iranienne et tunisienne.

 

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You're ugly too de Mark Noonan
Ambiance irlandaise garantie dans You're ugly too. Un type en liberté conditionnelle et sa petite nièce orpheline : ils ne se connaissent presque pas et n'ont rien qui les incitent à s'aimer. Sauf que ... Bien sûr que tout semble écrit mais comment résister à cette tendresse rugueuse, à cet humour vachard, à cet appétit d'affronter le pire sans jamais cesser de combattre. You're ugly too est plus que correctement réalisé, sa durée, courte, s'accompagne d'un timing parfait dans chacune des scènes qui nouent l'estomac, émeuvent ou font rire, même jaune. Totalement irlandais et complètement touchant.

 

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Nahid d'Ida Pahahandeh (sortie le 3 février)
Portrait de femme forte dans l'Iran d'aujourhui, Nahid n'est pas sans rappeler certains films d'Asghar Farhadi (Une séparation). En moins brillant peut-être mais avec un souci de réalisme et de clarté (alors que la situation est bien complexe) qui forcent l'admiration. Ida Pahahandeh ne place certes pas son film sur le plan du militantisme féministe, elle se contente de montrer, au quotidien, et avec une grande sensibilité, les tourments de son héroïne, divorcée, qui pour contracter un mariage avec celui qu'elle aime devra se battre contre les préjugés et la loi qui accorde la garde de l'enfant à son père. Les figures masculines peuvent sembler parfois outrées mais elles correspondent à une réalité sociale en Iran où une femme doit être une véritable combattante pour surmonter tous les obstacles. Porté par une actrice exceptionnelle (l'Iran possède un vivier décidément inépuisable), Nahid, dans une atmosphère désuète de bord de mer, est une preuve de plus de la vitalité du cinéma iranien, malgré la censure et le pouvoir des mollahs.

 

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A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid (sortie le 23 décembre)
A peine j'ouvre les yeux relate les derniers mois d'un état policier, avant la Révolution, à travers le cheminement d'une jeune femme tunisienne rebelle qui s'émancipe via la musique avec des textes risqués vis à vis du pouvoir. Le scénario manque un peu de liant, l'interprétation n'est pas extraordinaire mais il y a beaucoup d'énergie dans cet hymne à la jeunesse et à la liberté. Le sujet véritable, derrière sa dimension politique et sociale, est le rapport mère/fille qui est complexe et conflictuel alors qu'elles ont toutes les deux le même tempérament frondeur. C'est l'évolution de leur relation qui est de loin le meilleur du film. Avec les morceaux joués réellement en live et tout à fait remarquables.

 

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Je suis un soldat de Laurent Larivière (sortie le 18 novembre)
Le trafic de chiens entre Belgique et France ainsi que la vie d'un chenil sont le décor et bien plus encore de Je suis un soldat. Comme une allégorie de l'âpreté de l'existence des moins nantis de ce monde. Parce qu'il y est question de deux univers : celui légal du travail avec les fins de mois difficiles et celui mafieux autour de l'achat et de la revente de chiens. Deux personnages se détachent : le propriétaire du chenil (Jean-Hugues Anglade est monstrueux) et la  trentenaire qui va se cuirasser (Louise Bourgoin, jamais vue comme cela). Je suis un soldat est un premier film âpre, violent et d'une poésie presque baudelairienne. Le scénario est suffisamment subtil pour laisser des zones d'ombres qui gardent aux deux principaux protagonistes une grande part de mystère. Laurent Larivière est un cinéaste très prometteur.



12/11/2015
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