Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

D'Arras ton univers impitoyable (10)

Une dernière livraison de films pour ce magnifique festival.

 

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L'araignée rouge (Czerwony pajak) de Marcin  Koszalka
Basé sur deux affaires criminelles de la Pologne des années 60, dont celle de l'un des plus jeunes tueurs en série de l'histoire du crime, L'araignée rouge se déroule pratiquement toujours dans la pénombre ou sous une lumière blafarde. Ce n'est pas un thriller à proprement parler mais un film cérébral, morbide, un jeu de faux semblants censé refléter une époque paranoïaque où tout le monde suspectait tout le monde. Le film est brillant mais conscient de l'être, très froid dans sa conception et sa réalisation. Un pur produit d'une école polonaise qui ne manque pas de talent mais peut-être parfois de modestie.

 

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Soif (Jajda) de Svetlana Tsotsorkova
Actrice et productrice, Svetlana Tsotsorkova signe un premier long-métrage très digne d'intérêt. Malgré la lenteur du récit, la cinéaste parvient peu à peu à créer une ambiance très particulière marquée par la sécheresse, le désir et
l'imminence de la mort. Ce huis-clos rural se nourrit de frustrations remarquablement retranscrites par la mise en scène à la fois terrienne et aérienne de la réalisatrice bulgare. Qui, de plus, se révèle être une excellente directrice d'acteurs, ce qui n'est pas étonnant, étant donné son passé.

 

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La montagne vierge (Fusi) de Dagur Kári
Fusí est différent. Son physique hors normes et son statut de célibataire habitant chez sa mère, à 45 ans, provoquent les railleries de ses collègues et la méfiance de ses voisins. Ce n'est pourtant qu'un nounous candide. Dagur Kári, dont on connaît bien le cinéma en France, pose sur ce personnage un regard tendre et bienveillant. Il n'est pas comme tout le monde, et alors ? Cela n'en fait pas un sociopathe. Le film ne fait pas preuve de naïveté, Fusí est jugé par ses pairs et moqué mais il trouvera sa place dans le monde. Avec son humour subtil et sa douceur, La montagne vierge (traduction de son titre anglais) respire sous l'air de la tolérance et de la diversité dans une humanité revigorante.

 

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Tempête de Samuel Collardey (sortie le 24 février)
Dans Tempête, Dominique Leborne, marin pêcheur, rejoue des événements de sa propre vie, de même que son fils et sa fille, adolescents, devant la caméra de Samuel Collardey. Cinéma vérité ? Si l'on veut mais cinéma tout court avec un montage et une mise en scène au service de l'histoire qui est racontée. Si tempête il y a, elle est avant tout terrestre et familiale dans cette relation père/enfants, exacerbée par une situation difficile sur tous les plans, sentimentalement et financièrement. Tempête est un film rugueux comme le caractère de son personnage principal mais généreux et altruiste aussi. Impossible de qualifier la "prestation" de Dominique Delorne. Authentique, vraie, magnifique.

 

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Legend de Brian Helgeland (sortie le 20 janvier)
Les frères jumeaux Krays, gangsters notoires du Londres des années 60, ont déjà fait l'objet de nombreuses biographies, à l'écrit et sur petit et grand écran. La particularité de Legend est de confier le double rôle au même acteur, Tom Hardy au prix de belles prouesses techniques. Le comédien parvient à dissocier les deux personnages, physiquement c'est facile, mais aussi dans la voix et la posture. Il est souvent dans l'excès, ce qui correspond aux caractères des frères mais pas très loin du pastiche. Le film aussi d'ailleurs ressemble parfois à une parodie de film noir entre deux tasses de thé. En même temps, il voudrait revêtir les habits de la tragédie grecque et là, il rate en partie sa cible. Rien à dire en revanche sur la reconstitution d'époque, la B.O ou le rythme du scénario (Brian Helgeland a tout de même signé ceux de Mystic River et de Green Zone, entre autres). Et Tom Hardy, bien qu'il prenne la plus grande place permet tout de même à d'excellents seconds rôles d'exister, surtout David Thewlis et Emily Browning (superbe).

 

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Sous la peau (Unter der Haut) de Claudia Lorenz
Pour son premier long-métrage, Sous la peau, la jeune réalisatrice suisse-allemande Claudia Lorenz revendique comme principale influence Scènes de la vie conjugale de Bergman. Pendant une heure trente, le film ne sort pas du cocon familial, au plus proche du quotidien d'un couple et de ses trois enfants dont l'équilibre va être ébranlé par un événement inattendu. Sous la peau se déroule sur une année, dans les pièces d'une maison qui pourrait, si elle parlait, raconter toute l'histoire. Claudia Lorenz s'attache notamment au personnage de la mère, magnifiquement interprétée par Ursina Lardi. Le couple en crise, l'incompréhension, la révolte, l'acceptation, le renouveau : la séparation est vue comme une maladie qu'il faut surmonter. La mise en scène est d'une grande sobriété avec des scènes très courtes et finalement peu de dialogues (contrairement à Bergman). Une certaine mollesse dans la réalisation empêche le film d'être davantage qu'une chronique relativement banale et trop tiède.



15/11/2015
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