Cueillette de vieux films (Septembre/1)
Eternel tourment (Cass Timberlane), George Sidney, 1947
Un juge de province se marie avec une femme plus jeune que lui et d'un niveau social largement inférieur. Sa petite communauté d'amis du Country Club l'accepte difficilement. Le film n'a pas bonne réputation : ennuyeux, prêcheur et mélodramatique. S'il est vrai que George Sidney est meilleur dans la comédie musicale ou le film d'aventures (Les trois mousquetaires), Eternel tourment vaut cependant largement mieux que le dédain qu'on lui réserve. Le scénario, tiré d'un roman de Sinclair Lewis, met l'accent sur la cosanguinité élective d'une petite ville confite dans ses traditions. Le film est de 1947, bien des choses sont suggérées, mais ce portrait d'un couple au demeurant mal assorti est exempt de facilités narratives. Nous ne sommes pas si loin de Douglas Sirk. La force de l'interprétation de Spencer Tracy et de Lana Turner donnent au film un supplément d'âme.
Le café du cadran, Jean Gehret, 1946
Issus d'Auvergne, les nouveaux patrons du Café de Paris découvrent un autre univers en débarquant à Paris. Rien de tel que l'atmosphère d'un petit café pour saisir le pouls d'une ville. Une dizaine de minuscules histoires forment la quintessence de ce petit film qui marque les débuts de Jean Gehret en tant que réalisateur. Les scènes d'ambiance sont réussies, l'interprétation de deux BB en devenir : Blanchette Brunoy et Bernard Blier est prometteuse. L'intrigue principale avec la bovarysation de la patronne, séduite par un violonniste, est relativement décevante avec son dénouement trop dramatique pour être pleinement
crédible.
Bethsabée, Léonide Moguy, 1947
Arabella rejoint son militaire de fiancé, stationné au Maroc. Là, elle rencontre un ancien amant avec lequel elle partage de funestes souvenirs. D'origine russe, Léonide Moguy a tourné quelques films en France avant de s'exiler à Hollywood durant la guerre. De retour en France, il réalise ce Bethsabée qui n'a de biblique que le titre. Le film est un épouvantable mélodrame teinté d'orientalisme adapté d'un roman de Pierre Benoit. Le triangle amoureux passe même à quatre avec la fille du colonel, voire à vinq avec ce dernier. Malgré Danielle Darrieux, Georges Marchal et Paul Meurisse (pour une fois coupable de mal jouer), le film a tout du navet colonial avec des portraits effroyables de femmes manipulatrices.
La femme aux revolvers (Montana Belle), Allan Dwan, 1952
Sauvée du lynchage par le gang des Dalton, une hors la loi devient copropriétaire d'un saloon. Tourné en 1948, Montana Belle a été un temps mis au placard pour obéir au plan marketing de Howard Hughes qui voulait faire de Jane Russell une star. Le film n'est pas une biographie de la célèbre Belle Starr et s'autorise pas mal de fantaisie en mêlant à sa destinée la bande des Dalton. Dwan est dans une période un peu creuse et ne semble guère enthousiaste pour faire mousser le personnage joué par Jane Russell. Laquelle est également peu inspirée dans un rôle somme toute assez mièvre. Un petit film dans la longue carrière de
Dwan.
Ma mère ne mourra jamais (Haha wa shinazu), Mikio Naruse, 1942
Avant de mourir, une femme écrit une lettre à son mari lui demandant de faire de son fils un homme bien. Comme tous les grands cinéastes japonais, Mikio Naruse a peu tourné durant les années de guerre, le cinéma se devant d'être optimiste ce qui n'est pas la caractéritique des films du réalisateur. Néanmoins, Naruse livre une fois de plus une oeuvre qui lui ressemble même s'il lui est difficile d'éviter un fond de propagande illustrant la bravoure et la droiture du peuple japonais. Le ton est amer et l'humilité du héros du film, fidèle à sa femme au-delà de la mort, élevant son fils dans d'honnêtes valeurs, correspond assez, même en filigrane, à ce que pensait Naruse de notre passage sur terre, avec sa mélancolie coutumière.
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