Cueillette de vieux films (Juillet/2)
Tocsin (Campane a martello, Luigi Zampa, 1949)
Au départ des américains d'Italie, Agostina a pu économiser une somme rondelette qu'elle a confié au curé de sa paroisse. Mais le successeur de ce dernier a dépensé l'argent pour accueillir des orphelines de guerre. Tocsin est une tragédie-comédie dans la plus pure tradition italienne où la cupidité humaine est cruellement épinglée. Personne n'est épargné dans un jeu de massacre heureusement sous-tendu par l'humour et la tendresse de Zampa pour ses personnages. Au bord du mélodrame, le réalisateur trouve le ton juste pour ne pas condamner ces faibles créatures. Gina Lollobrigida, sobre et touchante, encore au début de sa carrière illumine cet excellent film d'un metteur en scène injustement négligé aujourd'hui.
Pâques sanglantes (Non c'e pace tra gli ulivi, Giuseppe de Santis, 1950)
De retour de la guerre, un berger découvre que son troupeau a été volé par le grand propriétaire de la région. L'heure de la vengeance a sonné. Originaire de la région où le film prend place, la Ciociaria, Giuseppe de Santis a conçu son film comme une tragédie antique. D'où la dramatisation extrême des situations et le jeu outré des deux personnages principaux (Raf Vallone, crédible ; Lucia Bosè, un peu moins). Le film est néanmoins admirablement conçu, faussement néo-réaliste et mélodramatique convoyant un message clair sur la pureté des pauvres et l'indignité des riches. Manichéen, sans doute, mais vibrant des convictions du réalisateur communiste.
L'amour au collège (Terza liceo, Luciano Emmer, 1953)
Dernière année de lycée dans une classe romaine. Amours contrariées et bachotage modéré. Luciano Emmer est fidèle au procédé utilisé dans son premier film, Dimanches d'août : une oeuvre chorale où se confrontent les classes sociales. Le ton est léger, dramatique par instants du moins dans la vie de ces adolescents qui surfent entre élans du coeur, professeurs imbuvables et parents rigides. Un peu trop de personnages pour que l'on s'attache plus particulièrement à l'un d'entre eux mais la vie scolaire est assez bien sentie et Emmer est toujours fluide dans sa mise en scène. Film mineur dans le cinéma italien des années 50 mais absolument pas négligeable.
Le crime de Giovanni Episcopo (Il delitto di Giovanni Episcopo, Alberto Lattuada, 1947)
Un modeste comptable, entre deux âges, tombe sous la coupe d'un aigrefin et de sa maîtresse qu'il épouse après la fuite de ce dernier. Adapté d'un roman de d'Annunzio, coscénarisé par Fellini, entre autres, ce film de jeunesse de Lattuada décrit la vie d'un être faible, bafoué et humilié dans la Rome du début du XXe siècle. Le réalisateur filme la ville comme si elle était russe, anticipant l'atmosphère grise qu'il décrira bien mieux dans Le manteau d'après Gogol. Le film, honnête, reste en deçà de son potentiel. L'interprétation est loin d'être son point fort malgré une bonne prestation d'Yvonne Sanson et les apparitions fugitives d'Alberto Sordi.
Le désordre (Il desordine, Franco Brusati, 1962)
Mario, faute d'argent, vient de laisser sa mère infirme dans un foyer. Il cherche désespérément à s'en sortir. Est engagé comme extra dans une soirée bourgeoise, rencontre un ami d'enfance fortuné, trouve refuge auprès d'un prêtre défroqué ... Renato Salvatori est le fil rouge de bouts d'histoires sans grand intérêt si ce n'est de montrer que la vie est un chaos surtout si l'on est sans le sou. L'ambiance est antonionienne mais sans relief particulier avec un semblant de construction à la manière de La dolce vita. Le casting, international, participe du désordre filmé : Louis Jourdan, Jean Sorel, George Wilson, Sami Frey, Alida Valli, Antonella Lualdi, Curd Jurgens, Susan Strasberg, tous plus ou moins mauvais. A oublier très vite en se souvenant que Franco Brusati est l'auteur du merveilleux Pain et chocolat (1974).
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