Cinéphile m'était conté ...

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Cueillette de vieux films (Avril/2)

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Blocus (Blockade, William Dieterle, 1938)
En 1936, un paysan espagnol s'engage pour la défense de son pays. Il tombe amoureux d'une étrangère qui se révélera être une espionne. Ecrit par un sympathisant communiste, Blocus reste cependant opaque durant toute sa durée ne nommant jamais les forces combattantes et entretenant une certaine ambigüité bien qu'il soit aisé de comprendre que le film se range du côté des républicains et tente un plaidoyer antifasciste. C'est l'une des très rares oeuvres hollwoodiennes consacrée à la guerre civile espagnole alors même qu'elle n'est pas terminée mais elle manque de clarté et propose une romance incongrue entre Henry Fonda et Madeleine Carroll, proche du ridicule. Cela ne remet pas en cause le talent de Dieterle, qui venait à peine d'obtenir la nationalité américaine, mais le film reste frustrant surtout si on le compare à Pour qui sonne le glas d'Hemingway.

 

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C'est la vie (Downhill, Alfred Hitchcock, 1927)
Accusé à la place de son meilleur ami, un jeune homme est renvoyé de l'école. Renié par ses parents, sa descente aux enfers commence. Hitchcock avait peu d'estime pour ce drame muet qui ne figure certes pas parmi ses meilleurs réalisations. Sir Alfred fait ses gammes en ironisant sur la bourgeoisie britannique de l'entre deux guerres. Du point de vue de la mise en scène, il expérimente déjà et conduit son récit avec un minimum d'intertitres de façon à rendre la narration la plus fluide possible. Downhill, malgré son caractère édifiant, porte à l'évidence la signature d'un grand cinéaste.

 

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Lune de miel (Luna de miel, Michael Powell, 1959)
Un couple d'australiens en voyage de noces en Espagne. Le film a la réputation d'être le plus mauvais de Michael Powell, privé de son inséparable Pressburger. A vrai dire, le scénario est quasi inexistant, simple prétexte à visiter les plus hauts lieux touristiques espagnols de Grenade à Teruel en passant par Madrid. Mais Lune de miel est surtout un nouvel hymne à la danse avec notamment un très long passage consacré à L'amour sorcier. Les amateurs adorent, les autres ne sont pas insensibles à l'énergie et à l'esthétique des ballets. C'est selon. L'année suivante, Powell tourne Le voyeur, le plus étonnant et le plus pervers de ses films. Tout à fait autre chose.

 

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Âme noire (Anima nera, Roberto Rossellini, 1962)
Tout juste marié, à 36 ans, Adriano voit son passé trouble resurgir à travers les femmes qu'il a aimées. Et sa femme ne le supporte pas. Âme noire, qui vient après plusieurs échecs, est le dernier long-métrage de Rossellini, lassé du cinéma, et qui se tourne alors vers la télévision et l'Histoire. Le film, loin du néo-réalisme est une sorte de réponse à la Nouvelle Vague qui triomphe alors. Son héros, cynique et désabusé, est un manipulateur et un mythomane. Il est joué à la perfection par Vittorio Gassman. Rossellini n'est pas toujours à l'aise dans un genre qui n'est pas fait pour lui et le film est trop bavard. Reste la vision du couple, de ses sacrifices et des faux-semblants, un thème que le cinéaste a abordé souvent, notamment dans le magnifique Voyage à Rome. En dépit de la pauvreté de son intrigue, Âme noire, vu comme le chant du cygne du réalisateur pour la fiction, est une oeuvre plus qu'estimable.

 

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Le témoin (Il testimone, Pietro Germi, 1946)
Sauvé in extremis de la condamnation à mort par la rétractation d'un témoin crucial, un homme est libéré. Mais le remords le tenaille. Le tout premier film de Pietro Germi se situe à mi-chemin entre le néo-réalisme et le film noir. Avec des accents très dostoïevskiens et un thème qui rappelle Crime et châtiment. La force, ou bien est-ce sa faiblesse ?, est de ne rien montrer du meurtre. L'atmosphère psychologique est pesante, trop marquée parfois. Plus largement, le film témoigne des temps difficiles de l'immédiate après-guerre en Italie, dans des tonalités grises et pessimistes. Pour son coup d'essai, Germi montre lui déjà son immense talent dans la direction d'acteurs.











19/04/2015
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