Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Concerto en Arras majeur (8)

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Aujourd'hui, moins de route à accomplir sur les écrans avec des films belges et français. Et dire que c'est déjà l'avant-dernier jour !

 

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Zagros, Sahim Omar Kalifa

Au début, ils étaient heureux, dans leur Kurdistan natal. Un berger, sa femme, leur fille, des moutons et un chien nommé M. Spock. Et puis le poison de la calomnie (ou bien, est-ce la vérité ?) se propage : l'épouse serait infidèle. A Bruxelles, le couple se reforme, mais les soupçons sont toujours là. La partie kurde du premier film de Sahim Omar Kalifa est la plus probante. En Belgique, il se concentre totalement sur la relation de couple, avec le père comme principal accusateur. Avec son thème et le développement d'une intrigue qui va droit au drame, Zagros rappelle Noces et Une seconde femme (ce dernier est de loin le meilleur et le plus émouvant). C'est un récit qui met en cause des traditions rétrogrades dans une certaine communauté et pointe du doigt la triste place des femmes. Fort bien, mais Zagros peut aussi avoir pour conséquence de participer à la perpétuation de clichés sur les minorités et sur l’immigration. Ce n'est bien sûr pas la volonté du cinéaste mais l'absence de développement des personnages et la mise en scène assez plate contribuent à ce que l'on ne retienne que la stigmatisation de pratiques certes indéfendables.

 

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Une part d'ombre, Samuel Tilman

Comment réagir quand votre conjoint, ami ou collègue est soupçonné de meurtre ? Jusqu'où va la confiance ? Tout l'argument d'Une part d'ombre tient dans ces questions développées avec un certain sens de la tension psychologique dans le film de Samuel Tilman. Chacun des personnages réagit avec sa propre sensibilité mais une fois que la graine du doute est semée, ce n'est plus tellement la raison qui prédomine. Le film tient parfaitement son propos, gardant tout son mystère quant à savoir si oui ou non, son héros a commis un crime. C'est le regard des autres qui importe au metteur en scène qui fait passer les réactions des proches du suspect par des silences, des regards, des gênes. Etait-il utile d'aller jusqu'au procès et au verdict du tribunal ? Peut-être pas même si l'on reste au final avec ses doutes de spectateur. L'une des grandes qualités du film, outre son atmosphère pesante, est la qualité de son interprétation, celle de Natacha Régnier et de Fabrizio Rongione, en particulier.

 

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Les gardiennes, Xavier Beauvois

Ils sont rares, aujourd'hui, les films qui osent prendre leur temps et développer leur trame narrative progressivement, en approfondissant l'environnement et en posant les situations. Les gardiennes, adaptation d'un roman oublié d'Ernest Perochon, publié en 1924, est de cette race-là. Les gardiennes est un film de guerre, même s'il ne montre presque aucun combat. Il raconte comment les femmes ont maintenu l'économie, en l'occurrence ici dans la gestion d'une ferme, en l'absence des hommes. Hommage à celles de l'arrière, héroïnes sans médaille, dont on se demande bien pourquoi le cinéma a si peu décrit le sort. Pendant près d'une heure, Beauvois ne montre que les travaux des champs, alors que les saisons s'égrènent et que parfois un permissionnaire vient oublier un temps l'horreur des combats. Mais patience, le récit va intégrer des éléments dramatiques et jouer avec les sentiments des différents personnages. Le cinéaste a cependant un peu taillé dans le roman pour que la dose de malheur ne devienne pas irréaliste, à nos yeux de spectateurs, un siècle plus tard. Ample et cependant humble, le film porte bien la signature de Xavier Beauvois, celui de Des hommes et des dieux. Son sens esthétique et sa direction d'acteurs ne sont jamais en défaut. Nathalie Baye est magnifique en mère courage et trouve à qui parler en la personne d'Iris Bry, splendide, encore inconnue et qui ne devrait pas le rester très longtemps tellement la caméra est amoureuse d'elle. Le film de Xavier Beauvois, classique par sa forme, ne sera certainement pas à la mode. Tant mieux, c'est encore la meilleure façon de ne pas se démoder à l'avenir.

 

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Gaspard va au mariage, Antony Cordier

Une bulle de fantaisie. Ce n'est pas aussi facile que cela de tenir la distance au cinéma en misant sur la légèreté, dès lors qu'il faut bien y ajouter une dose de sérieux, voire de drame, et quelques enjeux pour asseoir les fondations. Gaspard va au mariage a tout cela mais il y manque le liant qui permettrait de davantage s'impliquer dans cette histoire d'une famille dysfonctionnelle à la tête d'un zoo en voie de disparition. Les saynètes s'enchaînent, avec la complicité d'un certain nombre d'animaux, et il est juste de dire que l'on est parfois charmé par certains moments absurdes et/ou loufoques. Mais rien de consistant sur la longueur, avec une mise en scène d'Antony Cordier (Douches froides et Happy few) qui ne possède pas la grâce ou le tempo nécessaires. Moyennant quoi, on se contentera d'observer avec mansuétude l'interprétation de quelques uns des acteurs parmi les plus doués de la nouvelle garde : Félix Moati, Christa Theret, Laetitia Dosch, Guillaume Gouix.

 

 



11/11/2017
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