Cinéphile m'était conté ...

Programme tranquille à partir d'aujourd'hui. Philippe, un enseignant toulousain qui fait partie de mes accointances rochelaises, me montre quelques endroits intéressants de la ville et l'on discute de la difficulté de faire de l'art et essai à Toulouse avec la concurrence existante entre l'ABC, l'Utopia et même le Gaumont. Un film à 14h00, un autre à 21h30, c'est mon programme du jour.

J'embarque une nouvelle fois pour l'ARGENTINE avec Deux coups de feu (Dos disparos) de Martin Reijtman.

Mariano, un matin de grosse chaleur, trouve un revolver et se tire deux balles dans le corps. Il en réchappe. Précurseur du "nouveau cinéma argentin", Martin Rejtman s'intéresse moins à la cohérence d'un récit qu'à la description de moments particuliers. Lesquels sont souvent burlesques (le trio de flûte classique) et pas loin de provoquer un fou rire. Parfois, le film s'égare et semble avoir perdu le fil. Il en reste une impression étrange et pas désagréable d'une réalité fuyante et absurde qui n'est autre que la vie quotidienne débarrassée de sa logique encombrante. Cartésiens s'abstenir.

Me voici au CHILI pour la dernière séance avec Aurora de Rodrigo Sepulveda.

Une maîtresse d'école, sur le point d'adopter, devient obsédée par un fait divers : la découverte d'un nourrisson mort à la décharge municipale. Convaincue qu'il faut un nom et une sépulture à ce bébé, elle va remuer ciel et terre pour l'adopter. Basé sur des faits réels, le récit, formidablement interprété et agencé, pose de nombreuses questions sur la place de la femme dans la société chilienne au rôle bien défini de procréatrice alors que l'avortement est interdit par la loi. Au travers du combat de cette femme, extrême et proche par certains côtés de la névrose (son passé y est aussi pour quelque chose), on retient avant tout une ténacité à toute épreuve et l'appui de son époux qui comprend et l'assiste dans sa lutte. Un film dérangeant et prenant dont on ne sort pas indemne.