Cinéphile m'était conté ...

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Chroniques rochelaises (8)

Quelles que soient les (grandes) qualités du roumain Le trésor et du Croate Soleil de plomb, c'est Le fils de Saul qui reste le choc du jour. Et le débat avec la scénariste du film était passionnant. Après cela, il fallait laisser plusieurs heures avant de rejoindre à nouveau une séance. C'est bien le moins.

 

LE TRESOR (Comoara) de CORNELIU PORUMBOIU

 

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Plutôt en retrait ces derniers temps, le cinéma roumain est revenu en force lors du dernier Festival de Cannes, notamment avec Le trésor, du plus suave et ironique cinéaste de son pays, Corneliu Porumboiu. A sa façon, Le trésor est une sorte de conte de fées contemporain, une quête insensée et déraisonnable d'un magot prétendument enterré dans un jardin depuis de très longues années. L'occasion pour le réalisateur de dessiner un état des lieux de la société roumaine à travers plusieurs personnages particulièrement candides que le film traite avec bienveillance. Le film est drôle, si l'on goûte l'humour amer d'Europe centrale, y compris dans la manière de creuser un trou, avec des dialogues qui ne manquent jamais de sel et de poivre. Sans parler du générique final avec une chanson totalement incongrue et inattendue qui prolonge ce doux délire. Un vrai petit trésor que ce film-là.

Sortie le 23 mars 2016

 

 

 LE FILS DE SAUL (Saul Fia) de LASZLO NEMES

 

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On s'attend à un choc et c'en est un. Brutal, dans les lisières de l'innommable et de la barbarie humaine. Tourner un film de fiction sur la Shoah est impossible. Et indécent. C'est tout le grand talent de Laszlo Nemes et de sa coscénariste Clara Royer que d'avoir imaginé cette fiction au sein des membres du Sonderkommando, en partant de faits avérés et historiques mais en abordant l'extermination juive à travers le "travail" d'un homme que le film suit pas à pas, sans autre vision que la sienne, laissant toute l'horreur au bord du cadre, bien présente, ne serait-ce que par les sons (terribles) mais sans jamais montrer l'innommable. C'est d'une puissance évocatrice sans précédent, insupportable mais point indécente. Le récit, admirable, raconte une humanisation progressive d'un individu déjà au bord de la mort, dans sa quête fébrile et obsessionnelle. Le fils de Saul ne laisse aucun moment de répit dans un chaos monstrueux de cris et de chuchotements. Le film est d'une dignité exemplaire et impressionnante.

En salles le 4 novembre.

 

 

SOLEIL DE PLOMB (Zvizdan) de DALIBOR MATANIC

 

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Trois histoires d'amour, respectivement situées en 1991, 2001 et 2011. Le lieu : des villages de la Croatie profonde, près d'un lac. Le lien : la guerre évidemment, pas directement mais comme effet collatéral sur des intrigues sentimentales, ou condamnées ou impossibles. Ce sera sans doute le principal écueil pour la carrière commerciale de Soleil de plomb : une connaissance basique du conflit entre serbes et croates est nécessaire pour la bonne compréhension de ce triptyque. Le réalisateur Dalibor Matanic complique encore la tâche du spectateur en faisant jouer les rôles des amoureux successifs par le même couple d'acteurs. Le film n'est pas pour autant difficile à apréhender, chacun des segments possèdant de véritables qualités mais il est vrai que la première histoire est de loin la plus forte.

Sortie : en 2016, si tout va bien.

 

 



04/07/2015
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