Chroniques rochelaises (10)
Clap de fin. Si Kore-eda et Trier sont en deçà de leurs films précédents, van Dormael revient en grande forme. C'est terminé pour cette année. Merci et à bientôt.
NOTRE PETITE SOEUR (Umamuchi diary) de HIROKAZU KORE-EDA
Que Kore-eda construise une œuvre cohérente, brique après brique, est indéniable. Qu'il soit de moins en moins mordant et de plus en plus tendre, l'est aussi. Notre petite sœur est une jolie élégie au bonheur avec ces trois jeunes filles qui forment une famille et n'hésitent pas à accueillir à bras ouverts une nouvelle venue. Malgré la mort, qui n'est jamais très loin, Notre petite sœur est d'une délicatesse exquise. Les sœurs se chamaillent, ont des amours plus ou moins heureuses mais elles ne sont jamais aussi épanouies qu'ensemble, à la maison, sur la plage ou au restaurant. Voici un Kore-eda lumineux et serein auquel on reprochera l'absence de véritable enjeu narratif. Attention, en s'adoucissent encore, le cinéaste japonais ne sera plus loin de la mièvrerie.
Sortie en fin d'année.
PLUS FORT QUE LES BOMBES (Louder than Bombs) de JOACHIM TRIER
Pour son premier film en langue anglaise, le norvégien Joachim Trier et livre avec Plus fort que les bombes un honnête récit psychologique que l'on aura du mal à trouver follement original. Autour de la mort prétendument accidentelle d'une femme reporter (après Juliette Binoche, à Isabelle Huppert de s'y coller sans avoir quelque chose de consistant à défendre), son mari et ses deux fils confrontent leurs névroses. Le résultat est davantage dans le scénario que sur l'écran tant Trier a de la peine à transcrire en images un matériau littéraire, limite conceptuel. Quelques scènes, celles où apparaît Jesse Eissenberg par exemple, sont relativement réussies. Mais l'ensemble est insatisfaisant. Joachim Trier serait plus inspiré de revenir tourner des sujets norvégiens et personnels.
A l'affiche en octobre.
LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT de JACO VAN DORMAEL
Dieu existe et habite Bruxelles. Marié, une fille, on sait ce qu'il est advenu de son fils. Eh bien, cela fait plaisir de revoir Jaco van Dormael en grande forme, presque au niveau de son Toto le héros, c'est dire. La grande force du film vient de son postulat de départ et de ses inénarrables personnages, Poelvoorde est un Dieu arrogant et sadique, Sa femme, Yolande Moreau son esclave domestique, sa fille, rebelle, va heureusement changer la face du monde et libérer les hommes de leur destin programmé. Idées géniales, encore fallait-il que Le tout nouveau testament tienne la distance. Malgré quelques menues chutes de rythme, le scénario abonde en trouvailles d'écriture qui gardent au film sa fraîcheur iconoclaste soutenue par un humour décapant et une poésie de l'absurde typiquement belges. Ce n'est pas pour autant une charge contre la religion, on y verra plutôt une sorte d'hymne débridé au libre-arbitre et une incitation pour chacun de prendre en main sa propre existence. L'interprétation est évidemment au diapason avec une mention particulière pour Catherine Deneuve qui prouve une fois de plus que son image glacée n'est qu'un leurre et qu'elle est capable d'accepter un rôle qui dynamite son mythe, si tant est qu'il y en ait encore besoin.
Sur les écrans le 2 septembre.
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