Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Cette année à La Rochelle (7)

 

Un Pasolini, un Portugais des années 70 et le nouveau et superbe Hansen-Love : vive l'éclectisme !

 

Accatone de Pier Paolo Pasolini, 1961

Tout était réuni lors de la projection d'Accatone au Fema de La Rochelle : une salle pleine, un écran géant, une copie neuve et une présentation passionnante de Jean Gili. Mais rien à faire quand on a un problème avec le cinéma de Pasolini, même celui des débuts. L'emballement ne se commande pas et ces ragazzi romains qui parlent fort peinent à intéresser à leur sort. La musique de Bach ne change pas la donne : Accatone séduit davantage que les œuvres futures de Pasolini, mais par intermittence, seulement (avis personnel et échangé depuis de longues années). C'est un regret mais c'est un fait.

 

Une abeille sous la pluie de Fernando Lopes, 1971

Une abeille sous la pluie est un classique du cinéma portugais. S'il n'y a que peu d'ondées dans le film ni aucun insecte butineur, c'est un moindre mal, car l'histoire concerne un couple mal assorti et maudit, composé d'une aristocrate déchue et d'un propriétaire terrien rustre et alcoolique. Le métrage dure 75 minutes et sa brièveté constitue son atout principal car pour le reste la mise en scène se révèle chichiteuse, la voix off assommante de par sa prétention et le montage pénible avec des scènes qui se répètent à l'identique, en coupant parfois le son des dialogues pour faire genre "je suis un auteur." On peut aisément passer son tour.

 

Un beau matn de Mia Hansen-Løve 

Que ceux qui avaient un peu perdu Mia Hansen-Løve dans Bergman Island se rassurent, l'on retrouve la cinéaste sensible et gracieuse du Père de mes enfants dans Un beau matin, une merveille d'équilibre entre la tristesse et le bonheur que distille parfois simultanément la vie. Depuis ses débuts, la réalisatrice puise dans des éléments personnels et intimes de sa sphère privée, tout en les frottant au plaisir de la fiction. Ainsi, Un beau matin évoque la maladie de son père de manière aussi directe que pudique mais avec la volonté farouche de ne pas uniquement le caractériser par son affaiblissement chronique, en évoquant aussi, par petites touches, celui qu'il a été avant, dans toute son humanité. La question de la transmission est également très présente dans le film, lequel donne de la place à 4 générations de femmes. Au côté d'un Pascal Greggory remarquable, qui a évité, autant que faire se peut, d'être dans la "performance", Léa Seydoux trouve l'un de ses rôles les plus marquants, où elle excelle notamment dans les scènes à émotion, en composant à la fois une mère, une fille et une amante. Le casting, complété par Ncole Garcia et Melvil Poupaud, parfaits, rend la partition de la cinéaste délicate et poignante. Mais ce qui rend ce film si brillant et touchant en même temps, est une qualité déjà évidente dans plusieurs films précédents de Mia Hansen-Løve, et qu'elle partage avec Mikhaël Hers, par exemple, à savoir la gestion des temporalités avec des ellipses douces comme de la soie. Point besoin d'avoir une mise en scène voyante pour faire passer des sentiments complexes et contrastés, la réalisatrice y parvient par des scènes courtes et un montage d'une absolue fluidité.

 

 

 



08/07/2022
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