Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ceci n'est pas un biopic (Mr. Turner)

Ne parlez pas à Mike Leigh de biopic concernant son Mr. Turner. D'une part, il abhorre le terme (comment raconter une existence complète au cinéma ? Mission impossible) ; d'autre part, son film ne s'attache qu'aux dernières années du peintre, le plus grand que l'Angleterre ait connu, n'en déplaise à son ennemi Constable et aux artistes à la mode à l'époque où son étoile pâlissait et qui ne sont plus rien aujourd'hui. Mr. Turner est la vision d'un artiste par un cinéaste, dans lequel il se reconnait grandement (L'autoportrait de Leigh n'est pas loin), un tableau qui ne cherche pas à trouver la vérité (laquelle ?) mais à cerner au plus près un personnage complexe, rustre et fruste par bien des côtés, antisocial même, qui s'exprime volontiers par grognements pour mieux cacher une sensibilité profonde quoique ses manières, y compris envers les deux femmes qui l'aiment, ne soient pas de la plus grande élégance. Mr. Turner est un film tout en nuances impressionnistes et certains lui reprocheront sans doute son peu d'enjeu dramatique mais l'intérêt est ailleurs, quand l'artiste prend conscience que le monde change diablement (photographie, chemin de fer) et qu'il en vient à épurer en même temps son oeuvre, au grand dam de ses contemporains, jusqu'à la quasi abstraction, en visionnaire de son art. Timothy Spall incarne Turner avec un talent prodigieux. Il donne une âme à ce film lequel, par certains aspects, peut paraître ingrat mais qui se révèle en définitive absolument magnifique.

 

280036.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

L'avis de Sentinelle



05/12/2014
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres