Cinéphile m'était conté ...

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La malédiction russe (Léviathan)

Un coin perdu de Russie, au début du XXIe siècle. Il souffle sur le Léviathan d'Andreï Zviaguintsev le même vent épique et dérisoire, à propos de la pathétique condition humaine, que dans les grands romans russes du XIXe siècle. Le portrait d'une époque où les existences se délabrent et rouillent comme de vieilles coques de navires, alors que le mal, insidieusement, gagne un combat joué d'avance. On reprochera peut-être au cinéaste son manque d'empathie vis à vis de ses personnages, hormis envers les femmes, mais ce parti pris âpre et déterminé dénonce un système vicié, pourri jusqu'à la moelle, comme si c'était une malédiction russe depuis les tsars en passant par les années noires du communisme. Léviathan restera comme l'un des films les plus marquants de 2014. Sa mise en scène, jamais voyante, est prodigieuse, son scénario d'une densité incroyable et son interprétation d'un réalisme terrible. Zviaguintsev joue des archétypes et des schémas slaves -la vodka, la corruption, la religion- avec une virtuosité qui relève de la simple évidence. Une leçon de (très) grand cinéma.

 

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07/10/2014
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