Cavalcade de vieux films (Décembre/1)
Le jugement de Dieu (Raymond Bernard, 1949)
Au XVe siècle, l'héritier du trône de Bavière tombe fou amoureux de la fille d'un barbier. Epousailles puis représailles du père du prince, sa femme étant opportunémment accusée de sorcellerie. Adaptation d'une légende rhénane, le film sait recréer une atmosphère médiévale, en dépit de dialogues parfois trop contemporains. L'interprétation est de premier ordre : Jean-Claude Pascal, Gabrielle Dorziat, Pierre Renoir et, pour les curieux, les fugitives apparitions de Louis de Funès et de Daniel Ceccaldi. Raymond Bernard est loin d'être un manchot à la réalisation (Les misérables, Les croix de bois) et le final est particulièrement grandiose dans le tragique. L'amour plus fort que la mort, c'est presque digne de Borzage.
La femme du Dr Hanaoka (Hanaoka seishû no tsuma, Yasuzo Masumura, 1967)
Médecin de l'ère d'Edo, Hanaoka est réputé pour être le premier à avoir pratiqué une opération chirurgicale sous anesthésie générale. Un fait qui ne sera connu que 50 ans plus tard pour cause d'isolement international du Japon. Le film est adapté d'un roman qui raconte les longues années de recherche infructueuses avant sa première réussite en 1804 pour traiter un cancer du sein. La dramatisation est assurée par un élément fictif : l'affrontement entre la fille et la mère du praticien toutes les deux ses cobayes. Impressionnante maîtrise narrative et stylistique de Masumura qui bénéficie de la présence des deux plus grandes actrices japonaises de leur génération : Ayako Wakao, sa muse, et Hideo Takamine, héroïne de nombreux films de Naruse.
La chasse à l'homme (Edouard Molinaro, 1964)
Au scénario : France Roche ; aux dialogues : Michel Audiard ; et à la caméra un Edouard Molinaro plein de fougue. Le thème : le mariage ou comment les femmes cherchent à mettre le grappin sur les hommes (un rien misogyne quand même). Un extrait : - Vous avez le choix entre le mariage et les menottes ! - J'avoue que je ne vois pas trop la différence ! Pas tout à fait un film à sketches, mais presque, mené tambour battant et qui permet d'apprécier la fine fleur des comédiens des années 60 : Belmondo, Brialy, Rich, Blier, Darc, Laforêt, Deneuve, Dorléac, Lafont, Dubois, Presle, Blanche, Serrault ... Il est rare à l'époque que les comédies françaises fassent jeu égal avec leurs homologues transalpines. C'est le cas ici.
La faille (Der dritte Grad, Peter Fleischmann, 1975)
Sous une dictature, un homme est accusé d'être un opposant et est conduit aux quartiers généraux des services secrets par l'un de ses membres. La faille est un bon exemple de ces co-productions de ces années 70 dont on ne sait plus très bien quelle est la nationalité. Piccoli, Tognazzi et Adorf sont les trois personnages principaux de ce thriller psychologique qui se passe dans la Grèce des colonels même si le pays n'est jamais mentionnné. Pas mal fait mais assez paresseux dans son scénario et parasité par une musique redondante de Morricone. On pense évidemment au Z de Costa-Gavras mais le film est loin d'être au même niveau. Scènes de chasse en Bavière reste de loin l'oeuvre la plus aboutie et la plus impressionnante de Fleischmann.
Neufs jours d'une année (Devya dney odnovo goda, Mikhaïl Romm, 1961)
Deux physiciens nucléaires sont amoureux de la même femme. Celle-ci en choisit un, dont la santé est menacée par les radiations. Vétéran du cinéma soviétique, Mikhaïl Romm profite des années de dégel pour tourner un film sans propagande qui pose la question de la place de la science dans la société mais aussi jusqu'à quel point le sacrifice de la vie privée et de la vie tout court se justifie. Libre par le ton, profondément humaniste, le film est aussi reùarquable par sa mise en scène virtuose, héritée des plus grands cinéastes soviétiques : angles inattendus, plans vertigineux, profondeur de champ insensée.
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