Cinéphile m'était conté ...

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Carrousel de vieux films (Juin/2)

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Au p'tit zouave, Gilles Grangier, 1949

Comme dans Le café du cadran, Au p'tit zouave décrit le Paris populaire de la fin des années 40 à travers le prisme des habitués d'un café. Une faune pittoresque et familière, joliment croquée en donnant suffisamment de place à tous les personnages pour exister, l'atmosphère comptant bien plus qu'une intrigue policière sans grand intérêt. L'adaptation est signée d'Albert Valentin, ostracisé à la Libération pour ses audaces dans La vie de plaisir. L'interprétation fait merveille, petits comme grands rôles, avec François Périer, Dany Robin, Robert Dalban et Paul Frankeur, entre autres. Une véritable tranche d'époque comme on le dit d'une vie.

 

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Jusqu'au dernier, Pierre Billon, 1957

Honnête artisan (Ruy Blas, L'homme au chapeau rond), Pierre Billon tourne son ultime long-métrage avec Jusqu'au dernier. Un film noir honnête, sans temps morts, avec une cascade de décès violents sur la fin. Le film se passe principalement dans les coulisses d'un cirque dont il restitue le dénuement pour cause de concurrence ascendante de la télévision. L'intrigue ne brille pas de mille feux mais ses péripéties entretiennent la flamme de l'attention avec une interprétation d'ensemble plus que méritante, tout en sobriété. Au premier rang de laquelle se tiennent Pellegrin, Dufilho, Meurisse, Mouloudji et Jeanne Moreau. Pour l'anecdote, signalons le minuscule rôle de Mijanou Bardot, la soeur de BB, dont ce n'était que la deuxième apparition, elle qui ne tourna que dans 9 films.

 

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La jeune folle, Yves Allégret, 1952

Dans la filmographie d'Yves Allégret, La jeune folle n'a pas laissé la même trace que Dédée d'Anvers ou Une si jolie petite plage. A raison. Le film souffre d'une sorte de syndrome de réalisme poétique désuet avec une dramatisation excessive dans la noirceur la plus totale. Le sujet est pourtant original, dans une atmosphère qui rappelle des thématiques abordées par Ford ou Loach. Le récit se situe en 1922, au plus fort du chaos irlandais lorsqu'une jeune femme en quête de vengeance s'éprend d'un républicain. Il est beau l'assassin de son frère mais elle ne le sait pas encore (que c'est son meurtrier). Danièle Delorme, angélique, pourrait presque à elle seule sauver le film de l'emphase si elle n'avait pas comme partenaire Henri Vidal, une fois de plus mauvais. En quelques petites scènes, Maurice Ronet montre lui qu'il a du talent. Mais il n'a pas le rôle principal, hélas.

 

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Je suis avec toi, Henri Decoin, 1943

Une femme part en voyage puis se fait passer pour une autre, son sosie, afin de tester la fidélité de son mari. Cette fantaisie prétendument musicale (il n'y a que deux chansons d'Yvonne Printemps) n'est évidemment pas le meilleur film tourné par Henri Decoin durant la période de l'Occupation, loin du niveau de Les inconnus dans la maison. Cependant, cette comédie sémillante ne manque pas de charme, avec ses dialogues fleuris, ses quiproquos et ses rebondissements. C'est agréable de retrouver Pierre Fresnay dans un film léger même si son côté guindé demeure. En revanche, le jeune Bernard Blier fait feu de tous bois et c'est lui qui donne le tempo. Yvonne Printemps, sans doute trop âgée pour le rôle (23 ans de plus que Blier) n'est pas mal non plus. Et pour une fois que la différence d'âge penche de l'autre côté, on ne va pas rechigner.

 

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La fin du monde, Abel Gance, 1931

La mégalomanie d'Abel Gance dans toute sa splendeur, si l'on ose dire avec cette histoire de comète qui doit percuter la Terre. "Le plus grand spectacle du parlant" nous promet t-on ! Il n'est même pas besoin de parler d'un cinéma d'un autre âge car déjà à sa sortie, le film a subi les foudres des critiques qui le trouvaient ampoulé et pour tout dire ridicule. Même sentiment aujourd'hui avec ces acteurs qui déclament, ce scénario construit à la va comme je t'écris et cette emphase permanente. Gance mélange intrigue sentimentale, discours pacifiste et propagande religieuse dans un salmigondis d'images et de dialogues ineptes. Ce n'est regardable qu'au quinzième degré et La fin du monde devient alors un spectacle à mourir de rire, ou presque. Ce qui n'était pas le but évidemment, quand Gance tirait des plans sur la comète. Toujours est-il que le cinéaste devra ravaler son orgueil et se contenter par la suite de films plus conventionnels.



09/06/2018
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