Carrousel de vieux films (Juin/1)
La fausse maîtresse, André Cayatte, 1942
Vaguement inspiré du roman de Balzac, La fausse maîtresse est le premier film d'André Cayatte, qui a fait ses armes comme scénariste. C'est la firme Continental qui produit, les occupants allemands souhaitant avant tout distribuer des produits de divertissement au public français. Bien que plus ou moins renié par son auteur, le film se distingue par sa légèreté élégante, riche en rebondissements, quiproquos et mensonges, dignes d'un vaudeville. Les à-côtés pittoresques de la petit ville confèrent à créer une ambiance amusante avec l'équipe de rugby et les personnages du cirque ambulant dont l'acrobate vedette et amoureuse incarnée par une Danielle Darrieux pétillante et insolente. A ses côtés, Lise Delamare et Bernard Lancret sont de parfaits faire-valoir.
Les amants de Tolède, Henri Decoin, 1952
Ah, le mauvais film que voilà ! Cette espagnolade, censée être une adaptation de Stendhal est d'un ennui achevé dès les premières minutes. L'intrigue ressemble vaguement à un épisode de Zorro, un très mauvais, avec ses rebelles à l'autorité d'un tyran sanguinaire. Deux grands acteurs : Alida Valli et Pedro Armendariz, doublés cela va de soi, houent sans conviction des dialogues et des situations d'une insigne pauvreté. Seul point digne d'intérêt : la présence d'une jeune Françoise Arnoul, que l'on reconnaît à peine et qui a hérité d'un rôle in peu substantiel. Elle montre déjà un vrai talent, malgré son peu d'expérience, contrairement au héros de l'histoire, incarné par François Gendry, acteur très limité. Decoin avait-il besoin de payer ses impôts pour réaliser une telle incongruité ? C'est vraisemblable.
Montmartre-sur-Seine, Georges Lacombe, 1941
Tourné par Georges Lacombe en 1941, Montmartre-sur-Seine ne figure pas parmi les meilleurs films du réalisateur du Dernier des six, loin de là. Pourtant, cet hommage au village de Montmartre possède un petit charme très désuet. Piaf en est la figure principale et si son jeu d'actrice ne suscite guère l'enthousiasme, ses fréquents passages sur scène montrent un peu du charisme de ce petit bout de femme, cette fleur de pavé à la tristesse légendaire. Pour le reste, le scénario chemine au milieu d'amours contrariées, ce qui en soit n'a rien de répréhensible et confère au film une mélancolie prégnante. Sacrés cœurs de Montmartre ! L'interprétation délicate de Jean-Louis Barrault, amusante de Paul Meurisse et monolithique du bellâtre Henri Vidal participe de la modestie générale d'un long-métrage qui n'a d'autre prétention que de divertir et d'émouvoir, un peu, en ces temps très difficiles.
Annette et la dame blonde, Jean Dréville, 1942
Adapté d'une nouvelle de Simenon par Decoin, Annette et la dame blonde est le 9e film produit par la Continental, le seul que Jean Dréville pour la firme. La marseillaise Louise Carletti, révélée par Les gens du voyage à 15 ans, y interprète une jeune écervelée, symbole un brin caricatural de l'éternel féminin. Cette tornade brune enchante tout le film même si les autres acteurs, à commencer par le déclinant Henri Garat, ont du mal à suivre le rythme. On remarque Simone Valère dans un petit rôle. Le film est charmant et trépidant et fourmille malgré son intrinsèque modestie d'une multitude de jolies idées de mise en scène. Un divertissement parfait, à l'américaine, pour les spectateurs de la rude période de l'Occupation.
Jeu de massacre, Alain Jessua, 1967
Le meilleur d'Alain Jessua, cinéaste inclassable, se retrouve dans ses deux premiers films, La vie à l'envers et Jeu de massacre. Ce dernier laisse tout de même un petit goût frustrant car les ingrédients contenus dans le scénario ne fonctionnent pas complètement à l'écran, par manque d'audace peut-être. Il reste tout de même un film avec une ambiance entre Blier et Chabrol, le côté sixties en plus, avec les illustrations de l'excellent Guy Pellaert. Comme dans le premier film de Jessua, il y est question encore d'un personnage en proie à un certain délabrement mental, qui en l'occurrence essaie de réinventer sa vie à l'imitation de celle du héros de BD créé par son ami et son épouse. Michel Duchaussoy est remarquable, Claudine Auger brillante et Jean-Pierre Cassel en retrait, bien que finalement le plus retors de tous. Dommage que l'alliance de cynisme, de fantaisie et d'humour n'arrive pas totalement à fasciner sur la longueur.
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