Cinéphile m'était conté ...

Claudine à l'école (Serge de Poligny, 1937)
Claudine, 16 ans, vit avec un père farfelu et chahute a l'école. Elle éprouve ses premières déceptions en matière d'amour et d'amitié. Mais sa jeunesse reprend vite le dessus. Une adaptation de Colette qui fait son âge. L'office national catholique condamna le film à sa sortie, sans doute pour son climat lesbien, pourtant bien léger et édulcoré. C'est très désuet en vérité mais l'oeuvre est en partie sauvée par des scènes champêtres et naturalistes et parfois burlesques (une partie de billes qui réunit toutes les générations). Le casting est excellent : Mouloudji, Pierre Brasseur, Blanchette  Brunoy ... De Poligny sera bien plus à son aise, dans le domaine du fantastique, avec une poignée de films tournés pendant l'Occupation.

Courrier sud (Pierre Billon, 1936)
Un pilote retrouve une chère amie d'enfance durant une permission et la soustrait à son mari. Mais le devoir l'appelle : l'un de ses camarades a dû atterrir de force dans le désert. Saint-Exupéry a scénarisé cette adaptation de son roman et supervisé tous les aspects techniques concernant l'aviation. C'est sa propre voix que l'on entend dans le prologue. Le film a vieilli (beaucoup) et son aspect patriotique et surtout colonialiste est embarrassant mais il est le reflet de son époque. Plus intéressante que son intrigue sentimentale, l'aventure avec un grand A et l'hommage à ces hérauts du ciel constituent la véritable trame du film dans lequel on remarque surtout la sobriété de Charles Vanel comparée au jeu outré de Pierre Richard-Willm et Jany Holt.

Ceux du ciel (Yvan Noé, 1940)
Rivaux en amour, deux pilotes d'essai le sont aussi sur la piste. Adapté de sa propre pièce par Yvan Noé, Ceux du ciel est une oeuvre assez médiocre alourdie par de nombreux bavardages, sans parler de deux chansons qui frisent le ridicule. L'interprétation est totalement inégale : excellente (Aimos, Pierre Renoir, Jean Servais) ou sirupeuse (Marie Bell, Jean Gailland). Le côté nationaliste de l'affaire est la mauvaise cerise sur le gâteau. Un produit du cinéma de l'Occupation qui a alterné l'insipide avec l'excellent (Le ciel est à nous, Le corbeau,...).

Les amours d'Omar Khayyam (Omar Khayyam, William Dieterle, 1957)
Les aventures d'Omar Khayyam serait un titre plus juste vu un scénario qui brode à partir du peu d'éléments connus de ce poète et mathématicien qui vécut à la cour du Shah de Perse, au temps les plus glorieux de son empire. Le film de Dieterle fait de Khayyam un stratège militaire qui combat l'hérésie et la rebellion menée par la célèbre secte des Hashishins, usant de drogues comme son nom l'indique et qui donna le terme d"assassins". C'est un film riche en péripéties dans une veine exotique prisée par Hollywood à l'époque, très proche du péplum. Une oeuvre divertissante et agréable dont les thèmes sonnent étonnamment modernes dans le monde d'aujourd'hui menacé par le fondamentalisme. Ce fut le dernier film américain de Dieterle qui termina sa carrière de cinéaste dans son pays natal, l'Allemagne.

Peter Gunn, détective spécial (Gunn, Blake Edwards, 1967)
Peter Gunn est à l'origine une série télévisée américaine en 114 épisodes de 26 minutes, en noir et blanc, créée et produite par Blake Edwards et diffusée entre le 22 septembre 1958 et le 18 septembre 1961. Blake Edwards reprend le thème de ce détective cool dans le swinging L.A de 1967, nocturne et psychédélique. Le film est agréable à l'oeil et amusant bien que son héros, joué par l'obscur Craig Stevens, manque de charisme. Ses dialogues absurdes annoncent pourtant The Party, tourné un an plus tard, et surtout La panthère rose. Si Peter Gunn est oublié aujourd'hui, c'est principalement par son absence de tête d'affiche et son côté trop décalé pour un film noir, haut en couleurs.