Butin de vieux films (Décembre/2)
Remous, Edmond T. Gréville, 1934
Un couple est accidenté durant son voyage de noces. L'homme devra marcher avec des béquilles et ne pourra plus accomplir le devoir conjugal. Re(découvert) grâce à Tavernier, Gréville avait jusqu'alors peu de reconnaissance dans l'histoire du cinéma français, eu égard à son travail très inégal. Remous fait partie des bons films de sa filmographie, l'un des ceux où il a particulièrement soigné la mise en scène, presque constamment inventive, même si parfois frappée de formalisme. Autour de l'impuissance masculine, sujet osé pour l'époque, le film s'articule autour du désir féminin, et s'élève bien au-dessus de l'éternel triangle amoureux. Les dialogues sont rares et les regards insistants, héritages assumé du cinéma muet. Remous est mieux qu'une curiosité.
Diane de Poitiers (Diane), David Miller, 1956
La vie de la favorite du roi Henri II, rivale amoureuse de Catherine de Medicis. Le film de David Miller a pour lui d'avoir été tourné en France sur les lieux historiques. Il respecte grosso modo ce que l'on sait de cette héroïne, bien que l'accent soit davantage mis sur ses sentiments que sur son influence à la cour et dans la politique du roi. C'est une vision hollywoodienne, évidemment, mais beaucoup moins appuyée qu'à l'ordinaire quand l'usine à rêves s'attaque à l'histoire de France. Un véhicule parfait pour une Lana Turner resplendissante flanqué d'un Roger Moore plutôt à l'aise et quasi méconnaissable de par sa jeunesse.
Le diable souffle, Edmond T. Gréville, 1947
Laurent, un marin misanthrope, a amené dans sa petite île solitaire, au cœur de la Bidassoa, Louvaine, une épave d'un café de Bayonne dont il s'est épris. Oui, mais voilà, comme le dit le proverbe "L'homme est de feu, la femme d'étoupe, et le diable souffle." En l'occurrence, il s'est déguisé en tramontane et pendant ce temps-là la rivière est en crue, au moment où un médecin évadé des geôles franquistes débarque. Côté atmosphère, le film est percutant. Il est bien plus conventionnel dans sa description du triangle amoureux même s'il arrive à nous surprendre dans son dénouement. Vanel est toujours aussi bon dans le rôle du vieux mari trompé. Hélène Bossis, qui faisait des débuts tardifs à l'écran, livre une prestation honorable, elle qui ne tournera plus que 3 fois, préférant le théâtre puis plus tard la télévision. C'est loin d'être le meilleur film de Gréville mais ce n'est pas une purge non plus.
C'est ainsi que tu me voulais (Sellaisena kuin sinä minut halusit), Teuvo Tulio, 1944
Invoquant une ancienne haine de famille, un père interdit à son fils Aarne de se marier avec Maija. Celle-ci rompt ses fiançailles et succombe aux tentations de la ville. De l'innocence de la nature aux perversions urbaines : chronique d'une fille perdue, soit un thème qui revient souvent chez le roi du mélodrame finlandais, l'inénarrable Teuvo Tulio. C'est ainsi que tu me voulais est à prendre au premier degré, une histoire aux épouvantables clichés qu'un montage erratique (certaines bouts de scène apparaissent deux fois) n'allège pas. L'influence du cinéma muet et de l'expressionnisme allemand sont patents mais que l'ensemble est chargé !
Un certain jour (Un certo giorno), Ermanno Olmi, 1968
Un publicitaire remplace son directeur, victime d'un infarctus. Il donne une impulsion commerciale plus agressive à son entreprise. Un jour, il tue accidentellement un piéton sur la route. Réalisateur prolifique (fictions et documentaires) , Olmi est en définitive peu connu (il tourne toujours) hormis pour L'arbre aux sabots ou encore L'emploi et Les fiancés, au début de sa carrière. Un certain jour peut paraître froid et distancié, avec son montage abrupt et ses conversations oiseuses dans le monde de la publicité. Il n'en est pas moins l'oeuvre d'un sociologue qui examine la vie d'un homme, tellement obnubilé par la réussite professionnelle qu'il en oublie l'essentiel : vivre. Ce que la proche présence de la mort lui rappelle incidemment. D'apparence austère et peu engageante, le film est assez impressionnant avec un minimum d'effets, d'autant que ses interprètes, tous excellents, sont d'illustres inconnus.
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