Butin de vieux films (Décembre/1)
L'arc-en-ciel éternel (Kono ten no niji), Keisuke Kinoshita, 1958
Le film commence comme un documentaire tout à la gloire d'une immense aciérie et de la ville et des services qui se sont bâtis autour. Quand la fiction prend le dessus, c'est pour développer plusieurs intrigues et mettre en scène une poignée de personnages dans une certaine confusion. Celle-ci disparaîtra au fur et à mesure et fera un peu de place à l'humanisme et à la bienveillance qui sont la marque du cinéma de Konoshita. Les enjeux du film laissent toutefois perplexe : hommage au travail des ouvriers qui font tourner l'aciérie ? Promotion de la puissance japonaise en matière de production ? Ou bien faut-il croire à une certaine ironie du réalisateur que l'on croit déceler parfois ? Difficile de trancher.
Mesdames et messieurs bonsoir (Signore e signori buanonotte), collectif, 1976
Le film à sketches, une spécialité dans laquelle les italiens ont toujours excellé avec en point d'orgue Les monstres. Mesdames et messieurs bonsoir n'est hélas pas du même acabit, son niveau oscillant entre le grotesque et le consternant. Le film s'attaque au Vatican, à Naples, à la pauvreté et, bien entendu, à la corruption. Avec lourdeur quand ce n'est pas avec vulgarité, comme cet innommable segment scatologique. Pas grand chose à sauver, pas même les prestations peu inspirées de Mastroianni, de Gassman ou de Ferreol. Scola fait partie des multiples réalisateurs, avec Comencini et Monicelli, entre autres, de cette sombre pantalonnade. Et dire que la même année, le grand Ettore réalisait Affreux, sales et méchants.
Les lanternes rouges (Ta kokkina fanaria), Vasilis Georgiadis, 1963
Avant sa fermeture, une maison close au Pirée. Des femmes aiment et rêvent d'un ailleurs hypothétique. Le film a des aspects très mélodramatiques mais frappe par son réalisme dans cette atmosphère de fin d'une époque, avec notamment la présence des marins américains. Les prostituées (et la femme de ménage) apparaissent comme les héroïnes du film, ni sublimées ni rabaissées, mais comme des femmes qui ont des histoires d'amour et restent dignes face à des hommes méprisants, lâches ou absents. On y trouve quelques raccourcis narratifs mais les différentes intrigues sont plutôt bien écrites et se complètent. Le film a été présenté au Festival de Cannes 1964 et a représenté la Grèce aux Oscars. Il fait partie des grands classiques du cinéma du pays.
Le garçon sauvage, Jean Delannoy, 1951
Mme Marie vit à Marseille. De prostitution. M. Paul est son amant. Peu reluisant. Marie a un fils de 11 ans qui vit loin, jusqu'à ce qu'elle consente à ce qu'il partage son existence. Conspué par la Nouvelle Vague, Delannoy ne méritait pas cet opprobre. Le garçon sauvage est sans doute l'un de ses meilleurs films, honnêtement réalisé et proche de ses deux personnages principaux. Sans excès de moralisation, le film dresse un double portrait, celui d'une prostituée naïve et mère maladroite, et celui d'un garçon qui l'adore et ne souffre pas de la voir amoureuse d'un petit truand veule et macho. Il est à noter d'ailleurs que certaines répliques seraient impossibles aujourd'hui, eu égard au politiquement correct. Le scénario se tient et les dialogues de Jeanson sont de bonne facture. Pas de génie dans tout cela mais du travail très correct.
Noose, Edmond T. Gréville, 1948
Un truand, enrichi par le marché noir, sème la terreur à Londres. Une journaliste américaine décide de s'opposer à lui pour dénoncer le meurtre d'une danseuse. Premier film anglais d'après-guerre de Gréville, Noose mériterait de figurer parmi les classiques britanniques du film noir. Il est trépidant, mis en scène avec talent et décrit remarquablement le quartier de Soho, 3 ans après la fin de la guerre. D'aucuns jugeront peut-être que son versant comique est trop prononcé, dans les dialogues (c'est l'adaptation d'une pièce de théâtre) très fournis et dans la caractérisation des personnages des deux héros, l'une pour le bien, est américaine, l'autre pour le mal est italienne. En résulte malgré tout un film à l'atmosphère on ne peut plus British, gorgé d'humour et un chouïa moins brillant dans les scènes d'action. Une occasion de (re)voir Carole Landis, qui, la même année, après 5 mariages, s'est suicidée à l'âge de 29 ans. Noose est son avant-dernier film.
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