Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Brassée de vieux films (Février/2)

Liaison secrètes (Strangers when me meet), Richard Quine, 1960

Si la postérité a d'abord retenu les comédies de Richard Quine, sans d'ailleurs les considérer à leur juste valeur, Liaisons secrètes est sans conteste son chef d'oeuvre, dans une tonalité à la fois tendre et grinçante. Dans cette histoire de haute infidélité, l'American Way of Life en prend pour son grade, de même que le sacrement du mariage et le puritanisme ambiant. L'écriture du film est fine, ayant soin de caractériser parfaitement les personnages principaux ou proches du couple adultérin, dans le décor d'une banlieue aisée. Il y est question de désir et de sexe de manière audacieuse pour l'époque, avec des dialogues riches en sous-entendus. Sans la flamboyance d'un Sirk ou d'un Minnelli, dans une remarquable et frémissante sobriété Quine touche profondément avec un couple d'exception en tête d'affiche : Kirk Douglas et la sublime Kim Novak.

 

Zaza, George Cukor, 1938

Adaptée une demi-douzaine  de fois au cinéma, la pièce française Zaza semble bien poussiéreuse à des yeux modernes. L'histoire est élémentaire : une artiste de music-hall s'éprend d'un riche aristocrate avant d'apprendre qu'il est déjà marié. Et il n'y a rien d'autre dans l'histoire, laquelle est illustrée le mieux possible par George Cukor, avec de beaux décors et costumes et une interprétation correcte de Claudette Colbert. Le film suscita des controverses à sa sortie à cause de sa morale, alors que celle-ci nous parait bien bénigne de nos jours. Un Cukor à réserver aux mordus qui veulent avoir tout vu du cinéaste du brillant réalisateur de Hantise, Une étoile est née et My Fair Lady.

 

Le bruit et la fureur (The Sound and the Fury), Martin Ritt, 1959

Un des nombreux films tirés de la littérature du sud des États-Unis, celui de Faulkner en l'occurrence, adapté consciencieusement par Martin Ritt, dans l’impossibilité de rendre le style de l'écrivain américain, aussi inadaptable que Proust. Le climat y est, familier, autour d'une ancienne grande famille, en pleine déliquescence. La mise en scène, un brin statique plombe une atmosphère délétère où stagnent un alcoolique, un idiot et une valétudinaire (Françoise Rosay, étonnante), placés sous l'autorité implacable d'un beau-frère autoritaire qui évite l'opprobre à cette tribu névrosée (Yul Brynner, impressionnant, et avec des cheveux). Seul élément rebelle, une jeune fille dont la mère s'est carapatée à sa naissance (Joanne Woodward, excellente). Moiteur sudiste garantie mais peu de bruit et de fureur, étouffés par la bienséance hollywoodienne de l'époque qui dissimule tant bien que mal les aspects les plus honteux (le sexe, par exemple).

 



28/02/2022
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