Cinéphile m'était conté ...

Les lettres d'amour (Die missbrauchten Liebesbriefe), Leopold Lindtberg, 1940

En voyage d'affaires, un négociant, qui se prétend écrivain, écrit de longues lettres ampoulées à son épouse, en espérant une réponse. Celle-ci les transmet en les signant à l'instituteur du village, qui s'enflamme. Cette fantaisie romanesque n'a d'autre but que de divertir en cette année 1940 en Suisse (le film est sorti l'année suivante en France). C'est assez laborieux, anecdotique et parfois charmant, loin des meilleures réalisation de Leopold Lindtberg. Une curiosité qui vaut surtout pour l'ambiance, enjouée, de la Suisse rurale du milieu du XIXe siècle.

Mort parmi les vivants (Bidaya wa nihaya), Salah Abou Seif, 1960

A la mort du père, une famille cairote se retrouve dans un complet dénuement. Cette adaptation de Naguib Mahfouz ne manque pas de caractère pour décrire les destins des membres de cette famille, chacun d'entre eux se battant avec ses propres armes, pour le sort commun, hormis l'un des fils, ambitieux et arrogant, qui ne voit pas les sacrifices faits autour de lui pour lui permettre de devenir quelqu'un. Le film est dense et assume un côté feuilletonesque, passant sans transition d'un protagoniste à un autre. On peut lui reprocher le caractère outrageusement mélodramatique de ses dernières scènes mais pas sa richesse romanesque. Omar Sharif, dans un rôle peu sympathique, emmène avec brio un casting particulièrement convaincant.

Rio, 40 degrés (Rio 40 graus), Nelson Pereira dos Santos, 1955

L'été 1954 à Rio : Favelas, Copacabana, Football, Pain de Sucre, Samba ... Avec son premier long-métrage, Nelson Pereira dos Santos pose les jalons du Cinema Novo, en retenant les enseignements du néo-réalisme italien. Semi-documentaire, émaillé d'une multitudes de bribes d'intrigues, le film vaut par son rythme et sa couleur locale, sans atteindre les sommets de l’œuvre suivante de son réalisateur ; Rio, zone nord.