Glanage de vieux films (Décembre/1)
Giliap (Roy Andersson, 1975)
Roy Andersson a mis très longtemps à se remettre de l'échec cuisant de Giliap. Ce film de 2h10 est d'une extrême lenteur, marqué par l'inexpressivité de ses personnages, tous englués dans le quotidien morne d'un restaurant provincial. Cela ressemble vaguement à du Kaurismäki sous valium, l'humour et le sens de l'absurde en moins. Si l'on aime se laisser engloutir par le vide, l'expérience n'est pas totalement déplaisante.
Le majordome (Jean Delannoy,1965)
Il danse le tango, cite Macbeth, organise des castings de truands et susurre à l'oreille des femmes : "Votre bouche est un enfer et vos baisers le paradis." Bref, c'est l'onctuosité faite majordome. On aura compris que le suave Paul Meurisse se régale d'un tel rôle. Dialogues de Henri Jeanson, excellents, mise en scène de Jean Delannoy, hélas. Un divertissement policier globalement mécanique dont la vertu première est de ne point se prendre au sérieux.
L'homme aux clés d'or (Léo Joannon, 1956)
Un professeur d'anglais est humilié par plusieurs de ses élèves et renvoyé de son établissement. Sa vengeance se mangera froid. De facture très classique, ce polar psychologique ne manque pas d'ironie, quoiqu'au service d'une morale très "vieille France". Il doit son intérêt principal à la suavité ronde de l'excellent Pierre Fresnais, parfaitement à l'aise dans le rôle du manipulateur faussement indulgent. La petite Annie Girardot, en garce pétillante, trouve là l'un de ses premiers rôles importants.
The Pursuit of Happiness (Robert Mulligan, 1971)
1971 est pour Mulligan l'année d'Un été 42, succès considérable. Mais aussi de The Pursuit of Happiness, bide notoire, pas même sorti en France à l'époque. Il est pourtant diablement intéressant ce film. Pas tant pour son intrigue : un étudiant tue accidentellement une vieille dame en voiture et finit par fuir le pays après un jugement inique, que par ce qu'il raconte sur l'air du temps. Amérique en crise, perte des valeurs, jeunesse en pleine contestation, justice aveugle, etc. Robert Mulligan, toujours aussi peu reconnu aujourd'hui, pour cause d'éclectisme et de discrétion, fait montre d'une élégante désinvolture dans sa mise en scène et dirige toujours aussi bien ses acteurs. Au côté d'une Barbara Hershey impeccable, Michael Sarrazin, plutôt oublié lui aussi, joue juste et précis. Un film modeste et serein qui n'en démonte pas moins les limites du rêve américain sans hausser la voix.
Le pays de la violence (I walk the Line, John Frankenheimer, 1970)
Le titre français est très exagéré pour ne pas dire stupide. Deux morts, dont un chien, ce n'est pas énorme. C'est plutôt du pays de l'ennui dont il est question tant ce shérif vieillissant qui croupit dans un bled de l'Amérique profonde fait peine à voir. Et son béguin pour une petite jeunette qui le manipule en protégeant sa famille de bootleggers le rend encore plus pitoyable. Gregory est impeck dans ce rôle et Tuesday Weld lui donne la réplique avec un bon sens de la répartie. Plus habitué à l'action, Frankenheimer s'en tire bien dans ce film au faux rythme et au charme fané. Allergiques à la musique de Johnny Cash n'essayez même pas de le voir, il est omniprésent sur la BO.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres