Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Biarritz latine (4)

 

Mes aventures biarrotes et latino-américaines se sont terminées avec 2 longs-métrages brésiliens.

 

Serial Kelly, René Guerra, Brésil

Les meilleurs moments de Serial Kelly, premier long-métrage de René Guerra, se trouvent vers la fin avec une version en portugais très particulière du Psycho Killer des Talking Heads, avec des paroles on ne peut plus gratinées. D'ailleurs la B.O du film est excellente et bien adaptée aux aventures déjantées et irréalistes de la "première tueuse en série brésilienne." Un prétexte pour son réalisateur à brocarder la religion, les médias et surtout le machisme ambiant. Un jeu de massacre qui serait réjouissant s'il était un peu mieux maîtrisé, moins vulgaire et obscène, aussi, même si la provocation fait partie du projet. Quant à l'interprétation, il faut hélas déplorer un niveau assez bas et ce, en dépit d'une énergie communicative de son interprète principale qui n'a vraiment peur de rien et assume son physique gargantuesque et sensuel à la fois.

 

Todos os mortos, Caetano Gotardo et Marco Dutra, Brésil

En situant l'action de Todos os mortos en 1899 à Sao Paulo, ses auteurs entendent montrer un Brésil en pleine transformation, 10 ans après la fin de l'esclavage, et rongé par des inégalités sociales et raciales qui perdurent de nos jours. Le film se concentre sur 4 femmes, 3 blanches et une noire, chacune dotée d'une forte personnalité et qui peinent à trouver leur place dans le nouveau siècle qui vient, pour des raisons différentes. Feuilletonesque, romanesque et (trop) littéraire, le film enregistre la folie qui menace l'une d'entre elles, les doutes qui assaillent une autre, etc, dans un monde où les esprits des morts semblent présents. L'ambiance n'est pas morbide, elle est même plutôt douce, mais la violence des mots n'est jamais loin et les non-dits expriment un racisme qui est plus que latent. La mise en scène, délibérément statique, alourdit cependant la teneur des messages alors même que certaines (bonnes) idées comme l'irruption progressive d'éléments contemporains (tags, bruits de circulation) permettent de dépasser le film d'époque tchékhovien pour l'ancrer au monde d'aujourd'hui.

 

 

 



03/10/2020
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