Cinéphile m'était conté ...

Passage par le Chili et par le Brésil avec deux films plutôt réussis : La Veronica et Um animal amarelo.

La Verónica, Leonardo Medel, Chili

Leonardo Medel est l'auteur du premier film virtuel chilien, en 2016. Un univers dont il n'est pas si loin dans La Verónica puisque ce long-métrage s'attache à une femme de footballeur dont le seul intérêt semble être d'augmenter son nombre de followers sur les réseaux sociaux. Pic et pic et Instagram, la belle est pourtant mère mais dans sa somptueuse demeure ses préoccupations ne sont guère tournées vers sa progéniture. A sujet on ne peut plus contemporain, Leonardo Medel attache un dispositif très particulier où le visage de son héroïne est sans cesse au centre de l'écran, au fil de 53 plans-séquences exactement. Le film est aussi fascinant qu'irritant, à l'image de son personnage principal, volontairement stupide et égocentrique. Cette comédie noire et satirique va très loin dans la démonstration mais cette audace paie et presque tout est crédible ou tout du moins envisageable dans un tel cas de perte de contact avec la réalité. Omniprésente à l'écran, Mariana Di Girolamo est époustouflante, au moins autant que dans Ema de Pablo Larrain.

Um animal amarelo, Felipe Bragança, Brésil

Du Brésil au Mozambique, en passant par le Portugal, Um animal amarelo est une fresque luxuriante, métaphysique et très déconcertante. Avec une voix off qui semble diriger les opérations et qui impose sa morale, que cela soit sur le mode poétique ou réaliste (parler de réalisme magique devient tellement habituel dès qu'un soupçon d'irréel s'invite qu'il vaut mieux éviter cette expression galvaudée). Le film suit un cheminement qui lui est propre, avec sans doute une source autobiographique puisqu'il y est question d'un apprenti cinéaste qui souhaite aussi bien raconter son grand-père aventurier que les exactions du colonialisme. La forme est bigarrée mais plutôt séduisante dans une veine tropicale, sensuelle et baroque bien connue depuis Jorge Amado, qui n'empêche pas un fond politique et social d'émerger fortement. Le mélange est détonant, assez souvent dérangeant et chaotique mais il n'est pas interdit de se laisser porter.