Atomes crochus (Grand Central)
Déjà, le lieu. Fixer l'action de Grand Central dans et autour d'une centrale nucléaire est insolite d'autant que le sujet en est la confusion des sentiments. Rebecca Zlotowski renouvelle l'éternel triangle amoureux, par son cadre, mais aussi par son style naturaliste, intense tout en étant elliptique, à l'opposé de la majeure partie des productions actuelles qui soulignent plus qu'elles suggèrent. Il faut de la maîtrise pour conjuguer chronique sociale -le travail des forçats de l'atome, la solidarité rugueuse, le danger permanent- et contamination amoureuse. La réalisatrice réussit en grande partie ce pari même si le bon dosage est parfois difficile à trouver. Comme dans Belle Epine, il arrive que le film pêche dans sa construction et donne trop d'importance au côté documentaire, négligeant la psychologie de ses personnages. Léa Seydoux et Tahar Rahim confirment leur talent, fait de présence physique et de fragilité affective. Et ils ont des atomes crochus. Olivier Gourmet et Denis Ménochet, loin d'être des faire valoir, irradient le film de leur charisme sombre. Subtil et ténébreux, réaliste et poétique, Grand Central impose une réalisatrice dont on pressent la grande place qu'elle pourrait occuper bientôt dans le cinéma français.
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